« Elle est vraiment petite, toute petite. Comme un caillou au milieu de tous ces arbres. Rapide coup d’oeil périphérique, rien de séduisant. A part sa taille, vraiment petite… »
« Fluides intimes », « Tirer un homme de sa torpeur »
« Elle est vraiment petite, toute petite. Comme un caillou au milieu de tous ces arbres. Rapide coup d’oeil périphérique, rien de séduisant. A part sa taille, vraiment petite… »
« Fluides intimes », « Tirer un homme de sa torpeur »
derrière ses airs de muet
les chevaux font la course
se comparent les crinières
et ne mangent plus d’avoine
« Je suis méprisante, méprisable, arrogante, exécrable, odieuse, désintéressée, partiellement provocante et j’en passe. Oui, le mystère est enfin levé : ils avaient tous raison. C’est exactement moi, ça. Je suis aussi dénuée d’affect et d’émotions, mon Essence même, est celle d’un monstre détestable. »
en replantant mes doigts dans le coton je m’y suis egratigné
ça pu le fromage
ça sent la sardine
j’ai les oreilles qui sifflent
ils me maintiennent la tête sous l’eau
les bulles sortent mais n’éclatent pas
il n’y a plus de surface
je n’ai plus rien
plus rien
plus rien à part ma tête
et même ma tête n’est pas complète
je n’ai plus de bouche
les bulles sortent par le nez
Je marche dans la rue quand je vois un policier arrêter un chien.
Qu’a t’il fait?
Une crotte. Sur ce trottoir. Voyez?
Oui. C’est répugnant.
Ça lui coûtera cher. Croyez moi.
Bien, bien. Si seulement ils savaient se retenir…
Je continue ma route tandis que le chien, tout penaud, monte dans la voiture du policier.
Je souris
Mais je ne sais pas pourquoi.
Je dois pas bouger
On m’a dit
Regarder devant moi
On m’a dit
Juste respirer, les épaules ne doivent pas bouger.
Je souris mais je ne sais pas pourquoi
Mes dents sont dehors.
Je regarde devant moi
Je ne cligne pas des yeux
Je ne sais pas.
J’ai les yeux noirs
et le blanc de mes yeux est bleu
le reste est différent.
Mes cheveux sont ronds, ils ne tombent pas
Il touche ma peau
Il y a mes cheveux, puis mon front.
Orange j’aime bien cette couleur
Mes cheveux sont orange
J’aime bien bien mes cheveux alors.
Je souris juste
Ma peau est rose et ma bouche est rouge
Du rouge sur du rose
C’est pas joli-joli, elle a dit
Alors je souris et j’oubli
J’ai six ans et demi.
Le vide dans ma tête
Je pense à rien.
Le rien c’est bien
c’est comme le orange
le orange d’une clémentine
le orange d’un crayon de couleur que j’ai dans ma main
le orange d’un abricot
le orange du bonbon que j’ai dans ma poche.
Je souris
quelque chose me fait rigoler
et je ne sais pas ce que c’est.
Mon col roulé me gratte le menton
il est blanc
blanc comme mes dents
Mais je ne doit pas bouger
Je doit juste regarder.
29. 01. 19
29. 01. 18
Je suis partie à la recherche de la cire perdue, au Burkina Faso.
Partie pour découvrir comment cette sculpture peut prendre racine dans un paysage étranger, l’observer évoluer, la cueillir et implanter dans l’espace actuel où moi-même je vie et me développe.
J’ai partagé un espace d’atelier.
Délimité sans être muré.
Depuis l’inertie, j’ai pu contempler le mouvement de l’espace qui m’enveloppait.
Figures déambulantes dans un paysage par l’ombre re dessiné.
Néanmoins je suis très vite devenu moi-même sujet observé.
Le milieu influant sur mon travail, autant que j’influençait son mouvement.
N’étant finalement pas différent de la matière que je travaillais.
La cire donnant forme à son moule qui lui-même donnera forme au bronze.
C’est un dialogue continue entre contenant et contenu.
La présence des corps influe l’espace, et sa forme impose aux corps leurs limites.
J’ai compris ainsi que le mouvement du temps est indissociable de celui de l’espace.
J’ai habité l’espace de l’ombre.
« Or, l’ombre est pour la lumière une étrange compagne : elle est là mais elle n’existe pas d’elle-même. Elle n’est qu’absence de lumière. La nature connait une substance lumière mais l’ombre n’a ni corps ni réalité. Elle est pur manque, elle n’est pour nous que la présence d’une absence. » (Jean-Claude Lemagny, L’ombre et le temps)
Pourtant j’ai pu observer une ombre habitée.
Contrairement aux quatre murs, c’est elle qui rassure, qui abrite, qui rassemble.
Le médiateur entre cette zone sombre et la lumière, c’est le végétal.
L’arbre.
C’est lui qui construit en premier l’espace.
Point de chute du regard. Du corps. Du texte.
C’est une architecture qui s’étant silencieusement. Qui nourrit et rafraichi.
Qui s’adapte à son espace par l’aisance de son mouvement.
Qui triomphe sur le temps.
J’ai transposé. Transporté. Transplanté.
J’ai choisi de rapporter le témoignage d’un savoir-faire à travers des formes récoltés.
Elles se présentes finalement non pas comme je les ai vu, mais vécu.
Toujours dans ce processus du souvenir, elles se transforment.
Métamorphosé dans une matière pérenne.
Elles font image à travers un nouveau corps.
Touchez. Portez. Ecoutez.
Comment les désigner.
Calebasse ? Outils ? Sculpture ?
Quel est le mode d’existence d’une forme à travers une matière qui lui est étrangère ?
Mortel, ouvre ton âme à ces torrents de vie ;
Reçois par tous les sens les charmes de la nuit ;
À t’enivrer d’amour son ombre te convie ;
Son astre dans le ciel se lève et te conduit.
ISCHIA
le soleil va porter le jour à d’autres mondes ;
dans l’horizon désert Phébé monte sans bruit,
et jette, en pénétrant les ténèbres profondes,
un voile transparent sur le front de la nuit.
ISCHIA
le fantôme est revenu au bercaille
il a mangé comme un cochon
maintenant il faut continuer
continuer la route vers l’or cardiaque
c’est un or particulier qui lorsqu’on l’agresse peut être victime de crise
souvent l’or cardiaque meurt vite
alors il faut en trouver de nouveau
et repartir du bercaille
« c’est bizarre » se dit le fantôme
À faire du l’art
Mais que faire d’autre ?
Nous, des errants qui se retournent et tournent la tête.
Pense-bête
Sans écrire.
Je me pose
des questions qui semblent absurdes
la plupart du temps.
Je pratique l’art de la procrastination.
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