Errances

19 avril 2012

Crumb, de l’underground à la Genèse

Filed under: charmilles — Étiquettes : — errant @ 11:18

Jusqu’au 19 août, Robert Crumb envahit le musée d’art moderne de la ville de Paris de ses terribles et géniales orgies graphiques. De l’enfance de Crumb, de ses premières lectures à ses plus récents travaux – son interprétation de la Genèse notamment (Denoël Graphic, 2009)- le parcours est chronologique. La scénographie est simple. Dessins encadrés, murs blancs et grands espaces. Mais les dessins sortent des cadres. Ils viennent vous vomir dessus, vous bouffer, vous pénétrer.

L’autofiction/autobiographie dans la bande dessinée s’est d’abord popularisée aux États-Unis et Crumb n’y est pas pour rien ! (En France, il a malheureusement fallu attendre les années 90 pour que ce genre ne soit pas considéré comme de l’auto-égo-perso-graphie). Son imaginaire passionnant, extrême et horrifiant est désormais présent dans les esprits de la plupart bédéphiles comme une référence indiscutable et complètement folle. Mais il faut visiter cette exposition en gardant à l’esprit que le travail de Crumb a été une révolution.

Personne n’avait encore livré de cette manière ses travers sexuels, ses complexes intimes, son égocentrisme et ses tripes dans une bande dessinée. Crumb ne connaît pas la censure ; il dit tout : ses frustrations, son usage de la drogue, ses délires masturbatoires. Et encore aujourd’hui, ses dessins choquent. Mais on ne les oublie pas parce que Robert Crumb ne se contente pas d’étaler toutes les idées les plus tordues sur du papier ; ses dessins racontent une époque avec un regard très cru sur la société et ses personnages reflètent un contexte historique de révolution sexuelle, d’évolution des mœurs qui a marqué plusieurs générations. L’exposition montre son parcours, ses premiers travaux dans sa revue Zap Comix, ses planches, dessinées sous LSD, lui permettant de travailler de manière très spontanée sans même savoir comment ses histoires allaient finir lorsqu’il était en train de les créer. Sont ensuite présentés les grands projets de sa vie (Fritz the cat, ses pochettes de vinyles de jazz, la revue Weirdo etc.) jusqu’à sa propre interprétation de la Bible présenté dans une salle entière couverte de dizaines de cadres et enfin, l’album Parle moi d’Amour dessiné avec sa femme Aline.




Le catalogue d’exposition coute 30 euros et les vaut largement ! Des pages de carnets de croquis, des témoignages, une chronologie etc. Avec un bonus génial : la couverture-poster.


Bref, si vous avez envie de voir de la sueur, des poil, de l’amour, du sexe, du bonheur, des nibards, de la drogue et de la folie, courrez-y.

Bonus 1 ! Aline et Robert expliquent leur manière de dessiner ensemble

 

Bonus 2 ! Une fan de l’époque – qui souhaite garder son nom anonyme parce qu’aujourd’hui c’est une dame sérieuse avec des responsabilités et tout ;) – témoigne :

 

Musée d’Art Moderne de Paris du 13 Avril au 19 Août 2012,
10h-18h, nocturne jeudi jusqu’à 22h, fermé le lundi

A ne pas louper aussi : l’expo de Spiegelman que j’avais vue à Angoulême a migré à Beaubourg. Mais dépêchez-vous, ça restera moins longtemps !

Centre Pompidou du 21 mars au 21 mai
12h-22h, entrée rue Beaubourg

PS : la prochaine fois j’aurai un vrai appareil photo…

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