Errances

22 novembre 2018

Filed under: méandres — Étiquettes : — errant @ 22:13

Hier soir elle est venu sonner en bas de mon immeuble

elle fait ça de temps en temps, assez rarement mais quand meme de temps en temps

la fréquence n’est pas regulière

je lui ai ouvert

elle a monté les deux étages

j’avais laissé la porte ouverte

j’étais installé sur mon canapé dans mon peignoir beige à odeur de bouche de chat

elle n’a pas enlevé son manteau et s’est assise sur le fauteuil en osier

elle ne me regardait pas

elle fixait le bouquet dans le vase sur la table basse

un silence assez pesant

un petit noeud à l’estomac commençait à se faire sentir de nos deux côtés

je sentais le moment ou tout allait jaillir

toujours impressionant comme moment

et puis très inatendu

j’attendais, je la fixais puis regardais le sol

c’est si dur d’arriver à écrire sur soi

ça arrive enfin

il continue d’habiter ses moindres recoins de temps, de pensées, d’actes

il se glisse un peu partout

elle lui court après avec un balais mais il est vif

elle veut le mettre sous le tapis

le glisser dessous ne pas le voir

elle sait pourtant que ça ne sert à rien, comme de marcher sur des clous

car même quand il finit par s’y cacher elle trébuche sur son corps et se retrouve le nez dans la poussière à sentir son odeur de bien trop près

pendant un an il était loin et pourtant là

aujourd’hui ils sont dans la meme ville et rien ne change

deux fois elle l’a vu

et tous les jours elle pense le croiser

c’est une maladie de merde ou pas une maladi mais un putain de truc dégueulasse envahissant

un truc avec un visage et un prénom

elle à les sourcils froncés

ça pleure sur le parquet

elle a envie de lui eclater la gueule par terre

de l’effacer avec une gomme

un peu trop violent de l’eclater par terre

il n’y peux rien lui, il a rien demandé et il en sait rien d’ailleurs

il pense quoi bordel

il y pense pas c’est certain

mais pourquoi il continue de se prélasser au fond de ses yeux

elle n’a pas encore inventé la porte de sortie

elle à trop peur de son départ je crois

elle à trop peur du trou de son absence

cet espèce de silence qu’il va laisser derrière lui quand elle lui aura construit cette putain de porte de sortie

c’est super flippant de voir le vide de l’habitude

devoir tout ranger différement dans cette tête si habitué à cet « individu »

elle à begayé, elle à dit « chat » puis « rat » puis « homme » puis elle a finit par le designer comme « individu »

son coeur bat un peu plus vite

elle est triste

ça lui pince le coeur

un peu trop fort

ça pique

ça fait monter l’eau à ses yeux

elle ne sait plus quoi dire sur lui elle à épuisé les mots

elle s’est epuisée aussi

et puis elle ne sait même plus ce qu’elle attend

elle à meme pas envie de quelque chose avec lui

et pourtant, peut être oui

elle ne sait même pas qui il est

elle ne sai tplus en tout cas

ou peut être ne l’a jamais vraiment su

si il savait bordel

mais est ce qu’il sait? Est ce qu’il se doute de tout ça?

Ces questions elle me les pose à chaque fois, à chaque fois oui

depuis maintenant je dirais un an et demi et peut être un peu plus

c’est bizarre ça n’arrive pas vraiment à sortir

en tapant sur mon clavier j’ai envie de casser mon ordi en deux

j’ai une espèce de rage contre moi même

comme une merde coincé au bord de mon trou du cul

une envie de crier à peter les timpans des voisins d’en face

comme un truc coincé dans la gorge

envie de courir longtemps pour évacuer tout ça mais putain ouais j’ai grave la haine bordel de merde

ouais j’suis vulgaire et alors bordel merde quoi !

Ça fait chier

il me fait chier vas y mais dégage va voir ailleurs

lache moi je veux plus je veux plus je veux plus je veux plus

je veux que tu disparaisse

qu’on ne se soit enfait jamais connu j’aurais vraiment préféré ça

il y a tellement de chose auxquelles je préférerais penser plutot qu’a toi putain

tu fais chier

et tu n’en sais rien

j’ai envie de tout te geueler à la gueule mais ça servirait à rien

t’as pa senvie de construire un truc je le sais et pourtant je m’accroche à ce truc inexistant

pourquoi bordel

dégage je t’ai dit

je vais la construire cette putain de porte de sortie

j’ai envie de te rayer putain

j’ai envie que tu me craches à la gueule

que tu me dises en me regardant dans les yeux que tu t’en bats les couilles de moi

que tu n’es pas amoureux et que tu ne le seras jamais

que c’est pas grave mais que c’est comme ça et qu’il vaut mieux que je t’oublie

j’ai presque envie que tu me dises que tu es amoureux de quelqu’un d’autre

mais non quand même pas, je préfère pas savoir et juste ne plus jamais te croiser après ça

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