Aussi simple que l’est ta main, te voici nue:
lisse, terrestre, fine et ronde, transparente,
tu as des lignes de lune, chemin de pomme,
toute nue tu es mince comme le blé nu.
Nue tu es bleue, du bleu de la nuit à Cuba
l’étoile en tes cheveux se mêle au liseron,
toute nue tu es jaune et tu es gigantesque,
on dirait un été dans une église d’or.
Nue te voici petite ainsi qu’un de tes ongles,
courbe, rose, subtile jusqu’au point du jour
qui te verra rentrer au souterrain du monde
comme un long tunnel de travaux, de costumes:
et ta clarté s’éteint et s’habille et s’effeuille
et devient à nouveau une main toute nue.
27, La Centaine d’amour, Pablo Neruda