Errances

21 novembre 2020

de l’incapacité à être heureuse

Filed under: musardises — Étiquettes : — errant @ 20:06

Le ciel est gris, la terre est meuble. Elle est en train de préparer le sol pour planter un arbre -c’est la meilleure saison, avant que tout ne soit détrempé- et je l’assiste. Elle me dit qu’une des plus belles choses qui soit pour elle, c’est de planter et voir pousser des plantes. Qu’à travers ça elle voit la magie du monde. Elle s’imagine vieille, parcourant des allées ombragées et récoltant des fruits. Mais que si elle devait mourir maintenant, elle pourrait regarder derrière elle et dire qu’elle a fait des choses qui l’ont rendu heureuse. Je sens que la conversation va dévier sur moi. Elle me demande ce que je désir. Ce qui j’aimerai faire, voir, accomplir dans le but d’être heureuse. Que si tout venait à s’arrêter demain, vers où iraient mes pensées. Je fixe le terre qui coulent au fond du trou qu’elle creuse. Les verres de terre qui s’agitent face à ce changement soudain. Je ne lui mens pas, aujourd’hui je n’y arrive pas, et je lui répond que je ne sais pas. Que j’ai beau chercher en moi, je n’y trouve qu’un brouillard épais qui ne présage qu’un grand vide. Je lui dis aussi que ça colle au personnage. Que mourir en ayant rien accompli, en ayant toujours été creuse, ne serait qu’un aboutissement logique. Une fin inaperçue, sans vagues. Quelques minutes passent, je lui tend du sable pour drainer le fond. Elle me dit qu’elle aimerait savoir ce qu’elle à fait. Ou plutôt ce qu’elle n’a pas fait, quand j’étais enfant, pour que j’ai cette opinion de moi. Qu’elle aurait aimé faire les choses différemment. Je lui dis qu’on ne change pas le passé et qu’elle a fait ce qu’elle a pu. Je change de sujet en lui passant l’arbre à planter. C’est un néflier. L’été prochain il donnera des fruits. Elle revient sur mon incapacité à être heureuse. Je sais que ça l’attriste. Elle m’enlace en me disant qu’elle croit en moi. Que les tunnels ne durent pas toute la vie. Je n’arrive pas à acquiescer, alors je me tais. Elle s’agenouille, tassant avec ses mains la terre autour du tronc. Et quand, par moment elle me regarde, je lui sourit. Mais je sais qu’elle sait. Que mon silence n’est là que pour l’épargner, parce que je le trouve plus doux que la vérité.

5 Comments »

  1. <3

    Commentaire by oeufmollet — 22 novembre 2020 @ 12:00

  2. Merci pour ce texte fou

    Commentaire by bleu.quentin — 22 novembre 2020 @ 15:12

  3. <3

    Commentaire by le_nouketou — 22 novembre 2020 @ 17:02

  4. Il est magnifique ce texte !

    Commentaire by jo_letaxi — 22 novembre 2020 @ 23:19

  5. merci !

    Commentaire by le_nouketou — 26 novembre 2020 @ 17:36

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