Errances

31 janvier 2010

En dessous

Filed under: tortilles — errant @ 16:18

Je ne laissais traîner ni de bras, ni de jambes, même pas un doigt. Jamais je ne laissais dépasser de membres.
Le cercle autour du lit, cette limite, je la respectais. Pour franchir les cinquante centimètres qui nous séparaient, je sautais.
Une fois dessus, j’inspectais les bords, je me penchais et vérifiait la zone du dessous. Je courbais le dos à m’en déchirer les os et en prenant soin de ne dépasser que d’une tête. La plupart du temps il n’y avait rien, mais parfois une boule de poils au contour déformée par le noir.
D’autres fois, il y avait des peluches tombées là, oubliées, poussiéreuses, que je m’empressais de rattraper du bout des doigts.
Je m’étirais loin, très loin, en jetant un coup d’œil rapide à droite, à gauche et derrière. J’avais remarqué le dessous du bureau, je l’avais oublié celui là. Je parvenais à attraper les peluches et les propulsait sur la couette. Je regardais ce coin de bureau, et n’y voyait pas le fond, c’était frustrant. Je ne voyais pas non plus, le fond du coin de l’armoire, celui de la commode et celui de la table de chevet. Je me sentais cernée.
Sous ma couette, j’avais de nouveau la présence des peluches. Je formais une cabane avec la couverture, armée d’une lampe-torche, des peluches et d’un livre. La nouvelle limite c’était la couette. Je ne laissais traîner ni de pieds, ni de mains, même pas un cheveu.

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