Errances

20 février 2021

à propos de l’abbaye, version 13

Filed under: musardises — Étiquettes : — errant @ 21:10

L’abbaye est un édifice magnifique qui a plusieurs fois brûlé. Aujourd’hui je suis ici et je ne sais plus vraiment pourquoi. En remontant l’allée depuis l’hôtellerie, j’essaye d’arranger mes cheveux, je les démêle de la main et les range derrière mes oreilles.

8h30, je rencontre Sœur B. au travers d’une grille de quatre mètres de haut. Elle raconte : elle est arrivée ici il y a 40 ans, elle avait 23 ans et la vocation. Ses yeux sont délavés. Ses doigts nerveux. Elle ne peut s’empêcher de les promener le long des barreaux, qu’elle serre et qu’elle gratte du bout des ongles. L’anneau à son doigt fait tinter le métal. Autour de son cou, un cliquetis secret est dissimulé sous sa robe.

10h. C’est un prêtre qui vient donner la messe. Il allume de l’encens, et la nuée s’élève dans les rayons de soleil qui filtrent dans l’église.

Sœur B. ferme les rideaux tandis que je cale le vidéoprojecteur avec un exemplaire du nouveau testament. On visionne des images de notre système solaire, en modélisation 3D des années 90. Une preuve de l’existence de Dieu. Sœur B. est très émue.

12h20, l’office de Sexte. Les Sœurs et la Mère Supérieure, derrière les grilles, encore, et moi, seule sur un banc.

Je patiente une demi-heure dans la cuisine de l’hôtellerie. Je voudrais prendre des photos avant de partir – les coquillages aimantés disposés en spirale sur la porte du frigo, et un portrait de religieuse en noir et blanc scotché à la hotte.

Il y a une autre femme, d’apparence triste, qui semble séjourner ici. La Sœur hôtelière arrose les fleurs dans le petit jardin, des hortensias, des rosiers, et ces fleurs oranges dont on peut retirer le chapeau.

A 13h15, les 100 coups de cloches lui font presser le pas. L’office de None.

 

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