Elle s’est servi une assiette avec de la salade de pâtes, des beignets aux légumes, des champignons noirs et elle est revenue s’assoir.
Ses cheveux n’étaient plus comme avant, toujours hirsutes mais un peu plus sages.
Elle s’est resservi de la salade de pâtes, avec des raviolis au porc et du canard laqué puis elle est revenue vers moi.
Son visage aussi était plus sage et un peu plus triste aussi.
Enfin elle est allée chercher des litchi en sirop ainsi qu’un entremet au chocolat. Elle aimait toujours autant les litchis et ça me rassurait.
Elle est revenue vers moi une dernière fois et j’ai regretté de n’avoir pas été la avant.
Partie I :
Elle est partie pour changer d’air, laver son linge c’est un prétexte comme un autre pour changer d’air.
Elle est partie parce que ses murs lui font la gueule. Il y a des endroits où on pourrait passer milles dimanches. Ici, ça craint, elle sait juste accumuler la paperasse, remettre au lendemain, trop penser.
Alors elle monte dans la voiture et raconte aux autres passagers que changer d’air ça fait du bien, même si ce n’est que le temps d’une journée, c’est ressourçant, le linge est un prétexte pour prendre du recul. Parce que c’est bien ce qu’il y a d’écrit dans le carnet de note : « prendre du recul ».
Dans la voiture les passagers somnolent, la voiture endort. Le paysage n’a pas d’importance, c’est le mouvement qui compte. Dans la voiture elle se demande ce qu’elle fait la.
La voiture arrive, le tram aussi, elle grimpe dedans, les contrôleurs aussi.
Elle se dit que ce lavomatic sera le plus onéreux de tout les temps.
Partie II :
Aujourd’hui c’est dimanche, il n’y a pas grand à faire le dimanche pense t’il.
Il trouve le temps gris mais ça n’a pas d’importance parce que Féderer vient de gagner.
Il aime se réveiller et regarder le tennis à la télé, parce que c’est un match important qui se joue ce dimanche matin.
Il est bientôt 13h et il se dépêche d’enfiler quelque chose, sans prendre le temps de mettre une écharpe il part chercher une fille qui l’attend peut être déjà.
Il lui a promis qu’il l’accompagnerai laver son linge dans un beau et luxueux lavomatic.
En fait il ne connait pas vraiment d’adresse, il va improviser.
Il a juste envie de la voir.
Le lavomatic est un prétexte pour passer le dimanche ensemble.
Finalement il est en avance, il voit le tram arriver, se saisit du sac de linge et prend la fille dans ses bras.
Ça ressemble à une histoire d’amour mais c’est un dimanche au lavomatic.
Certains traversent la rue,
peut être que d’autres attendent le bus.
Certains se retrouvent sur un banc pour discuter.
Le soir tombe,
l’air est doux.
Il y a de la poussière autour de nous.
La rue est bruyante,
envahie par les voitures qui klaxonnent,
les gens qui parlent forts,
des enfants qui rient.
À Alep un soir d’été 1992
les gens vivent.
A Rennes ce soir on voyait des étoiles danser au dessus des voies.
Peut être parce qu’elles entendaient la musique,
peut être que c’était juste la pluie
et la lumière des lampadaires.
Peut être que ce n’était qu’un mirage.
Au dessus des rails
des lumières scintillent.
Il y a aussi un wagon qui attend son heure,
c’est triste un wagon qui meure.
Il y a la rue déserte,
il y a le calme plat,
il y a une cheminée qui souffle,
et nous attendons le train de marchandises.
En rentrant, la porte était restée ouverte.
Elle est heureuse d’être enfin rentrée,
la quiétude qui plane à l’intérieur l’accueille.
Elle songe à la plume d’oreiller qui se ballade sur le clavier.
Elle songe aux murs qui tremblent,
à la lumière qui éclaire la rue.
Elle songe au dehors qui scie les oreilles,
qui paralyse les muscles,
qui fait pourtant accélérer le pas,
qui tranche les feuilles volantes,
au froid qui ne fait pas de bruit.
Elle se porte bien parmi l’environnement tétanisant.
Elle aborde le réveil avec sérénité.
Elle songe à ne plus penser à rien.
Ce soir nous vous dévoilons enfin la réponse tant attendue.
D’après notre enquête il semblerait que 50% des personnes interrogées aient répondu positivement à notre question de la semaine. Effectivement c’est un cas exceptionnel, si ce n’est pas du jamais vu : ce soir nous sommes face à une égalité parfaite entre les partisans du « non, le phacochère n’est pas mignon » et ceux du « oui, le phacochère est un animal mignon ». Hélas, face à tant de difficultés à répondre et surtout à trancher concernant la question abordée nous sommes, moi même ainsi que toute la rédaction, forcés de constaté que le phacochère tient un statut ambiguë dans notre société.
Soyons honnête, ce soir il faisait froid.
Ce soir à Rennes on voyait des jambes raidies,
des poings serrés au fond des poches de vestes.
Ce soir à Rennes on attendait le bus solennellement
comme on attend une intervention divine et salvatrice.
Ce soir à Rennes c’était difficile de parler distinctement,
ou d’entendre à travers les dents qui grelottent.
Ce soir à Rennes deux copines sortent du cinéma en riant.
J’ai notamment pensé à mettre le réveil pour aller scanner la couverture de l’édition que Thierry attend depuis longtemps et dont l’attente commence à sérieusement l’irriter.
J’ai pensé qu’il serait sage de ranger l’appartement.
Ainsi qu’à aérer, au moins 10 minutes car il parait que c’est suffisant.
J’ai pensé à arriver à l’heure au travail.
J’ai pensé à acheter des cigarettes.
J’ai pensé à manger du saumon et du riz avec une soupe miso en sachet.
J’ai pensé à manger une soupe avec Clément.
J’ai pensé à téléphoner à Elsa.
J’ai pensé qu’Elsa me manquait.
J’ai pensé à Jacqueline qui porte bien les bérets.
J’ai pensé à créer un site web.
J’ai pensé à regarder un film d’auteur pour développer une culture cinématographique riche.
J’ai pensé à télécharger une application Pictionary.
J’ai pensé au moment opportun pour réserver un billet d’avion pour la Thaïlande.
J’ai pensé à écouter la bande son du Darjeeling Limited.
J’ai pensé aux photos de voyages.
Correction : aujourd’hui j’ai beaucoup pensé et peu agit.
Le loir en question est un animaleuropéen qui passe sept mois par an en hibernation. Cette expression fait donc référence à cette longue et profonde période d’hypothermierégulée, comparée au sommeil normal d’un humain.
Le lièvre fume tranquillement sa pipe,
le lièvre est installé confortablement dans le fauteuil en cuir,
le lièvre ne se prend pas pour n’importe qui.
Le lièvre n’a pas grand chose de vrai à dire :
le lièvre est un beau parleur.
Mais soudain,
le lièvre me regarde
et le lièvre a compris :
« Nous on est du style à commencer sur les chapeaux de roues,
mais au final on perd la course. »
Il faut ranger l’appartement
et les courses.
Il faut reprendre pieds,
corriger ce qui n’allait pas.
Il faut se mettre en pyjama
et ne pas oublier les médicaments :
2 le matin, 2 le soir pendant 7 jours.
Il faut se couvrir
et ne plus avoir froid.
Il faut cependant faire des économies de chauffage
et aussi faire plus régulièrement la vaisselle.
C’est important d’avoir le rythme.
Il faut se mettre dans le mouv.
Il faut que je te souhaite d’aller bien.
Le chat ronronne à côté, indifférent aux milliards de crises existentielles qui se déroulent
tout autour, et le chat se gratte, le chat se lèche. Le chat est bien, car le chat n’a pas 20 ans.
La pièce est immobile, un endroit paisible où les objets n’ont pas d’âge, où les souvenirs se
mélangent et deviennent tapisseries. Et la pièce est sereine car la pièce n’a pas 20 ans.
Le silence est doux, la couette réconfortante, la lumière tamisée.
Alors je sais qu’avoir 20 ans ça n’est pas grave.
Elle était emmitouflée sous 2 édredons,
seul son visage souriant dépassait,
j’aurais bien aimé la serrer dans mes bras,
lui dire qu’on guérit de tout, même d’être vieux.