Errances

7 février 2023

shaman de la Vallée de Brume, premier jour

Filed under: - evan — evan @ 12:48

Après un long sommeil, où seul mon troisième Oeil était ouvert, j’entends finalement la cloche qui m’incite à me réveiller. Allongé en étoile sur le sol, je découvre alors, de mes deux autres yeux, l’inconnu.

 

Bien loin de mon Palais des Courants d’Airs, dans la Vallée de Brume, ici, je ne reconnais rien. L’air me semble plus épais, mon corps plus lourd, et le temps semble, lui, avancer au ralenti. Je me relève, pose les mains face contre terre. Je tâtonne de mes griffes délicates la roche couleur charbon qui fut jusqu’alors mon lit, et dont mes vêtements sont tout tachés. Au loin, des pics montagneux brisent l’horizon et, au moment même où je les regarde, un rayon de lumière orange déchire le ciel. Soudain, le noir de la nuit se réveille à son tour et devant moi, il danse.

 

Je suis le seul public d’un spectacle céleste, où les Lumières Nordiques virevoltent et se reflètent dans le vide. Au fond de moi, j’ai l’impression de vivre un moment unique, et je me rappelle des folies de ma mère qui me racontait, le soir avant d’aller me coucher, qu’un jour je rencontrerais le Ciel. Je n’ai jamai su si elle parlait de quelqu’un, peut-être un vieil ami à elle au prénom atypique, ou bien si le Ciel était tout autre chose: la vie après la mort, la mort après la vie.

 

Peut-être que je viens de rencontrer le Ciel.

 

Soudain, l’obscurité revient. Pendant un moment, j’ai l’impression que l’on m’a enlevé la vue, trois yeux confondus. Dans ce silence étrange, je ne sais pas quoi faire d’autre qu’attendre. Mes yeux s’habituent à la nuit sombre, et il s’avère alors que je ne suis pas aveugle – simplement troublée par mon environnement subitement plongé dans le noir. Je distingue autour de moi une ribambelle de cailloux de différentes tailles, une longue étoffe épaisse qui, je crois, me recouvrait jusqu’à présent et, juste en dessous, la couverture épaisse d’un livre. En relief, j’y distingue le titre “Livre d’Arts Secrets”, mais une fois ouvert, je n’y vois rien. Rah’min, je murmure, brisant le silence éternel du paysage. Une orbe de lumière flotte alors juste au-dessus et éclaire enfin le contenu du livre. Son titre, ainsi que la personne étrange qui me l’a offert, sont les dernières choses dont je me souviens – c’est ensuite le trou noir. Je ne sais pas combien de temps je suis restée endormie, cela peut-être quelques jours, une à deux semaines peut-être. Mes griffes, que j’ai l’habitude de couper chaque matin, ont tout de même bien poussé. En tournant les pages, je déchire sans faire exprès le papier.

 

Au milieu du livre, qui semble être rempli d’images mystérieuses, de schémas incompréhensibles et de paragraphes rédigés dans une langue symbolique que je ne connais pas, je tombe sur une traduction qui me paraît elle, limpide comme du cristal. Le Magicien Sombre. Le visage dissimulé derrière une cape qui ne laisse apercevoir que ses yeux, il est représenté accroupi, un bras tendu vers l’avant. Plusieurs lignes parlent de son aspect physique, d’autres de ses pouvoirs, mais ce sont les cinq dernières phrases de la page qui résonnèrent le plus en moi.

Comme un avertissement prophétique, il était écrit, en tout petit:

Tout en haut du troisième Nuage il est né,

Tout en bas du Puit d’Orage il mourra.

Sur son chemin il tuera trois fois,

une Fleur,

une Etoile

et un Chat.

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