Errances

8 mai 2012

Instagram, suite et fin

Filed under: charmilles — Étiquettes : — errant @ 12:03

(article précédent)

Après ma petite démonstration « Instagram expliqué aux personnes âgées », voici plus sérieusement la justification de cet article. Le problème de cette application magique, c’est que c’est tellement facile à utiliser qu’on en oublie que la photo ça s’apprend. C’est comme faire de la guitare ou du piano sans solfège. C’est possible.  On arrive à lire les accords, à les enchaîner… Mais on ne les comprends pas ces accords, on ne sait même pas que leur enchaînement correspond à une logique d’harmonie, que la musique c’est mathématique. On n’a pas conscience que si on oublie une note c’est pas grave, mais si on la décale d’un demi-ton c’est très grave. Si un accord est illisible sur la partition, on est perdu. Tandis qu’en connaissant le solfège, on saura s’adapter et deviner ce qu’il manque.

Instagram c’est un peu ça. Utiliser des outils qu’on ne maîtrise pas et en être satisfait malgré tout parce que « ça fait bien ». Utiliser un filtre est une bonne chose si l’effet permet d’apporter du sens à l’image, si le filtre sert le propos du photographe. Ils sont une composante de l’image, ils disent des choses.  Le photographe débutant fera évoluer sa pratique ainsi : il dira au début « Le noir et blanc donne un effet sympa à ma photo » puis à force de pratiquer :  « Le sens de ma photo serait différent en couleur. Ça ne correspondrait pas à ce que je veux montrer, dire, alors ma photo doit être en noir et blanc. »  Le noir et blanc, tout comme les filtres de couleurs, de saturation etc. n’est pas là pour décorer ou améliorer une photo.

Les gens veulent aller trop vite alors que, sans prétendre à un niveau professionnel, on peut facilement apprendre les bases de la photo. Le cadrage, l’éclairage, les choses à ne pas faire (du moins au début). Pas envie d’apprendre à faire de belles photos alors hop un filtre sur une photo de merde et ça rend bien. Bien sûr, on peut s’amuser à utiliser des filtres comme ça, juste pour voir parce que c’est rigolo. Malheureusement, beaucoup ont l’impression de faire de « bonnes photos » ainsi.  Comment oser dire « j’aime la photo » et se contenter d’Instagram ? Instagram pourquoi pas, mais pas de manière systématique et surtout combiné à un apprentissage.

Instagram est beaucoup plus drôle quand on maîtrise certains codes de la photo parce qu’on peut les détourner. Prendre des photos mal cadrées, des sujets nazes et en faire de bonnes photos/photos drôles.  Revendiquer le droit d’utiliser des filtres inappropriés, de cadrer de manière non conventionnelle, je dis oui ! Mais la photo c’est comme tout : pour casser les codes,  il faut d’abord les connaître.

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