Errances

12 février 2014

Le capitaine

Filed under: sillons,flâneries,sillages — Étiquettes : — errant @ 18:06

Veille de workshop, ou presque. Et j’ai plus envie d’écrire. Je ne sais pas pourquoi. Peut être que j’aime plus mon texte.
Peut être parce que c’est trop long, voire impossible. Quand c’est la nuit, et que je suis dans mon lit, et que j’arrête pas de penser,
je voudrais tout noter, tout écrire. Je me suis rappelé de tellement de choses, de tellement de noms. En remontant dans ma
mémoire j’ai libéré tout un tas de bribes et de fragments. J’ai rebondis de boîte en boîte, d’année en année, de visage en visage.
J’ai ouvert des tiroirs qui s’étaient refermés depuis bien longtemps. J’ai voyagé au travers de zones enfouies que je pensais
inaccessibles, et dont j’ignorais jusqu’à l’existence même. J’ai labouré, pétris et surement malmené ces parcelles de mémoire.
Une espèce de parcours chaotique, irrationnel et ingérable. Le lendemain, quand je me réveillais, les tiroirs s’étaient refermés,
plus de transparence, plus de fluidité, rien qu’une mélasse opaque et insondable. Le stylo et le clavier ne peuvent rien confrontés
à cet amalgame grondant, mouvant et terrifiant. Il n’y a pas d’embarcation suffisamment rapide pour distancer les souvenirs,
pour les cerner et les figer sur le papier. Ca se vit et c’est tout. On en reparle pas, on ne s’en souviens pas. C’était juste des putains
de mirages. Des illôts qui surgissent, puis disparaissent lorsqu’on essaye de les situer avec exactitude. Il n’y a pas de carte, ni de
raccourcis. On ne peut pas y retourner. Je me suis efforcé de contrôler ce flux de pensées, de censurer cette anarchie, pour y poser
des mots. Et je me suis rendu compte que je n’y arriverai pas. Alors je me suis lassé.
Tout ce qu’il me reste c’est de noms. Des noms qui existent quelque part et qui me m’autorisent à dire que tout ça s’est réellement
passé. Des noms de personnes, des noms de lieux, des dates, des marques, des diplômes, des objets, des musiques et tout un tas
d’autres conneries, dans lesquels on se projette et qui m’ont permis de rejouer le spectacle de ma vie.

Les insomnies c’étaient comme une espèce de plongée dans un sous marin chelou. Je suis la sur mon siège et je regarde par le hublot, et je vois mes souvenirs. C’est pas moi qui conduit, mais je peux voir quand même. Si j’essais d’écrire en même temps que je vois, le sous marin remonte direct à la surface, ou passe tout de suite à autre chose. Et de plus en plus vite, pour que je vois, mais que je ne me rappelle pas. Et le lendemain quand je suis bien réveillé, impossible de se faire une nouvelle virée. Le sous marin est la, mais vu qu’il n’y a pas commandes, je reste sur place. Ca serait comme passer d’une plongée dans la fosse des Mariannes, à une apnée dans ma baignoire. J’aimerai bien rencontrer le capitaine pour qu’il me laisse faire un tour tout seul, rien qu’une fois. Mais le capitaine viendra jamais je pense.

Le capitaine m’a l’air d’un sacré fils de pute.

 

Un commentaire »

  1. Génial !!!

    Commentaire by clairema — 12 février 2014 @ 18:36

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