Errances

22 novembre 2020

n°50

Filed under: musardises — Étiquettes : — errant @ 17:01

Un vieux manoir bien entretenu. Parquet ciré, tentures aux murs, vases et antiquités sur les étagères. Une atmosphère qui sent le début du XXe siècle. Domestiques en tabliers blancs et majordome guindé. J’ai l’omniscience mais elle est un peu rouillée. Des enfants courent dans les couloirs. Des petits, trainant leur doudou et d’autres, quasiment adultes, mais portant encore des vêtements d’enfants. Une sorte de colonie de vacances obligée. La guerre est là, ils n’ont nulle part où aller. Le tout est régit par une gouvernante, stricte. Le cuisinier est mauvais et les femmes de chambres bavardes. Un après-midi, lors d’un loup, une nouvelle pièce est découverte. Une pièce mystérieuse. L’enthousiasme est grand. Une adolescente, ruban bleu dans les cheveux, leur dit de faire attention. Cela doit rester un secret. Surtout ne pas se faire prendre par les adultes. On y entre par un passage magique, caché dans un recoin de la demeure. À l’intérieur, tout est encore possible, la magie n’a pas disparue. Ils apprennent des tours et des sorts. Lévitation, transformation, apparition. Là bas on peut voler. On peut transformer le vieux ragoût de la veille en pièce montée à la framboise. On peut faire pleuvoir des bonbons multicolores. Les enfants ne savent pas qu’avant, tout était comme ça. Que le manoir était jadis un lieu de fête et de gaité. On a tout interdit. La magie, ça s’accorde mal avec le capitalisme. On avait exécuté la sorcière des lieux. Rompu les sortilèges. Chassé le petit peuple. Tout était devenu morne et gris. Les gens compris. Et du temps d’avant, il ne restait plus que ces quelques mètres carrés, retrouvés par des enfants.

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