Errances

27 février 2023

« power to the women of the morning shift »

Filed under: - carnage — odilon @ 23:50

l’air de rien,

sans m’en rendre compte

j’attrape les rides de maman

je reconnais

les traits aux coins des yeux

 

et si sa peau pliait déjà à mon âge,

comment son dos résistera

si elle travaille

angoissée à plein temps

jusqu’à 67 ans ?

26 février 2023

I am sure there’s plenty more but I know they’re not the same

Filed under: - claude — claude @ 16:25
Ma cuillère favorite est une cuillère à café. C’est d’ailleurs la cuillère à café, celle qui est en équilibre sur la boîte de café. Je la lave de temps en temps, mais pas à chaque fois, parce que ma fois sa seule utilité est de prendre du café dans la boîte, le déposer dans le fond de la cafetière, prendre du café dans la boîte, le déposer dans le fond de la cafetière, prendre du café dans la boîte, le déposer dans le fond de la cafetière, prendre du café dans la boîte, le déposer dans le fond de la cafetière, le nombre fois par jour que je me fais du café. 
Je l’aime cette cuillère, parce qu’elle est plate du côté qu’on tient dans la main (est ce qu’on peut dire le manche ?). Elle est assez légère, et comme elle est plate, c’est très satisfaisant de la faire se balancer d’avant en arrière. Elle est pas trop épaisse, pile parfait pour laisser l’avantage aux aliments. Si je mangeais avec, ce que je préfèrerai manger ce serait de la compote. 

25 février 2023

menu du jour

Filed under: - Fevriax — Fevriax @ 22:54

Filed under: - carnage — odilon @ 19:31

shoot shoot shoot

Filed under: - claude — claude @ 00:32

Claude n’arrête pas de dessiner ses mains. Je me demande pourquoi.

23 février 2023

le love c’est pas comme dans les films, pour ça y a toujours les copines

Filed under: - claude — claude @ 15:51

Claude me manque comme un vrai copain.

making all his nowhere plans for nobody

Filed under: - claude — claude @ 15:45

Claude c’est moi et Claude n’arrive pas à parler. Claude c’est moi et iel n’arrive pas à dire ce qu’iel veut. Claude a faim et rêve de la salade qu’iel a planifié dans sa tête tout à l’heure mais qu’iel n’a pu ni préparer ni manger parce qu’iel a baisé trop longtemps.

he’s a real nowhere man

Filed under: - claude — claude @ 15:39

« – Allô Claude ça va ? Ca fait longtemps que je t’ai pas vu.e !
– Ca va, mon feutre violet est en train de s’assécher, c’est un peu pénible. A part ça, ça va.
– Tu me manques. »

Et, tristement, ce manque ne peut aller que dans un sens.

22 février 2023

Filed under: - carnage — odilon @ 19:47

il marche dans le salon

en pyjama mais en talons

pour faire ses nouvelles chaussures

le cuir crisse

résonne dans la pièce

mes yeux s’accrochent au défilé

tout est bien

Ce sera mon premier anniversaire depuis toi

Filed under: - Louise — Louise @ 00:01

17 février 2023

chimie physique

Filed under: - claude — claude @ 22:21

Bizarre de penser que tout le monde a des cuisses.

Filed under: - carnage — odilon @ 12:30

une voiture me laisse passer

c’est le même modèle, la même couleur

que celle qu’on a eu

après les tonneaux de ma mère

alors, je la fixe et je retourne 12 ans en arrière

quand on était trop contents d’avoir une voiture rouge alors que les parents trouvaient ça trop voyant

elle avait une clim parfumée et des lucarnes au plafond

c’était le top à nos yeux

toyota

Filed under: - Siri — Siri @ 01:05

Ses yeux rouges percent la nuit en direction de l’arrière

Ses pattes lui font varier sa vitesse et ses directions, un clin d’œil et elle change de voie en slalomant sur la piste

Ses dents reflètent les lumières et font reluire sa hargne

Ses intentions sont pas claires mais

love !!

Filed under: - Fevriax — Fevriax @ 00:50

16 février 2023

promesse

Filed under: - Manon.gd — Manon.gd @ 16:37

C’est une masse sur ma poitrine, un clou qui transperce mon estomac, une nausée le matin, des fourmis dans les jambes, de la sueur froide dans le dos. C’est presque devenue une amie. Je sais qu’elle est toujours là, avec moi, elle guette par dessus mon épaule, écoute ce que j’entends, lit entre les lignes. Elle réécrit ma réalité. Et surtout elle me presse de ne rien dire, de garder cet air taquin, ce sourire sympathique  et léger. Elle me donne ce rictus à la « j’men foutiste » et une allure détendue, son revolver sur ma tempe. Elle tord mon monde avec un rire sadique.

Puis, Maman m’a dit « la peur n’évite pas le danger ».

C’est une amie de longue date. Une présence indefectible, aujourd’hui je la dénonce, je la regarde droit dans les yeux et lui jure qu’elle ne m’aura pas.

 

 

15 février 2023

renard feu jours 3

Filed under: - Manon.gd — Manon.gd @ 23:56

Roulé en boule je rumine et grogne, frustré aussi.

 Femurix dit que je suis celui qui doit brandir l’épée légendaire contre la bête flottante. Je lui ai parlé, moi, du noir… des ténèbres. J’aime pas ça. Il est venu me chercher comme une fleur, sans s’excuser du coup sur la tête, rien, pas un mot de sa part sauf ça :  «  battre la bête flottante tu devras ». Il sait dire que ça l’os à ronger.

J’ai pas envie moi. En plus, j’ai faim. Mon ventre est rempli de vide et d’angoisse. Je sors de ma boule, il fait beau c’est déjà ça. Blaireau dit qu’avec le soleil tout va mieux.

Les pattes en casquette au-dessus des yeux, j’avance face à la lumière du jour. Pétard je vois rien. Je m’arrête et lève les yeux vers le ciel. La fatigue et la faim mélangées doivent me faire dérailler, le soleil, on dirait, avance vers moi.

Ah oui, non, non, c’est pas la dalle. Ça sera jamais fini tout ce que cauchemar ? je rêve, c’est sûr je dois être en train de dormir. Je me pince, ça va aller je vais me réveiller dans mon terrier, au chaud. Mais le soleil continue de venir sur moi. Cours ! Me hurlent mes tripes, mes petites pattes me porte aussi vite que le vent, derrière moi, la lumière me suit, elle accélère aussi.

Je ne regarde plus devant moi, je guette cette chose par-dessus mon épaule. Elle gagne du terrain. Je me prends dans une racine et m’étale, la face contre le sol sans plus aucune dignité. Ma fierté déjà bien entamée je ferme les yeux, je les plisse si fort que j’en ai mal aux sourcils.

Il y a un vrombissement régulier au-dessus de moi. J’ai les pattes sur la tête quand je me relève. Je me trouve nez à nez avec un globe de métal doré. C’est bizarre j’ai envie de le toucher. Le monde c’est arrêté autour. On entend que le ronronnement de la sphère, ça brille j’adore !

Ça ne valait peut-être pas la peine de flipper finalement ! Je suis à une griffe de distance avant de le toucher.

J’y suis presque ! ça m’attire je sens que ce n’est pas méchant, enfin Blaireau dirait «  c’est ce que tu croyais les fois d’avant aussi ! » moi je crois qu’il a l’air sympa.

 C’était avant qu’un œil rouge sang, s’ouvre et me fixe. Là du froid plus glacial que dans les stepses du fond du monde m’envahissent. Une fraîcheur mordante me fait rugir.

Un flash blanc lumineux et je ne suis plus nulle part, je suis dans le vide mais aussi dans le plein, sur la terre et dans les airs… je sens plus mon corps.

une sorte de murmure me dit :  «  regarde » et répète «  regarde »

«  voix ton destin renard feu, voit »

Je hurle, sans un bruit, mes cris sont muets, étouffés. la voix reprend doucement presque apaisante : «  je suis le sceau hiératique du seigneur dragon soleil, laisse-moi te montrer »

Je n’ai plus peur… je suis terrifiée si je pouvais je tremblerais, je pleurerais surement aussi.

C’est cet orbe d’or qui me fait ça.  Qu’est-ce que je dois voir ! hurle mon âme.

Je n’ai pas de réponse à la place, je plonge je tombe dans le noir. J’atterris brutalement sur de la terre, je penche à gauche, j’ai mal entre les côtes quelque chose me caresse entre les 2 oreilles. J’adore qu’on me caresse entre les 2 oreilles. Les bruits autour me paraissent lointains mais très violents. On dirait qu’ils sont absorbés il fait noir pas comme la nuit mais plutôt comme de l’encre renversée sur le monde.Je ne le connais pas, pas déjà mais je sais que c’est Garçon Excentrique qui me tient dans ses bras. Il ne parle pas. Je ne sais pas pourquoi, pas encore, mais ça me surprend. Une plante, très douce me tient la pâte et me tend mon épée.Je comprends pas qu’est-ce que je fais ici, tout ce que je sais c’est que la nuit n’est pas vaincue et j’ai froid.

 Plus rien.Un éclair me frappe, je suis allongé sur le sol face contre la terre. La sphere n’est plus là.Ça y est je sais, c’est limpide, c’est clair, je suis foutu !

Je ne sais pas qui ils sont mais je sais que c’est important. Dragon-truc me l’a montré pour une raison et la vérité c’est que j’en veux pas moi, de ça.

C’est pas brillant comme futur.

renard feu jour 2

Filed under: ramblings,- Manon.gd — Manon.gd @ 23:55

Femurix n’y est pas allé de main morte. Ma tête bourdonne, j’ai les canines qui démangent, le dernier coup qu’il m’a porté devait être guidé par une sacrée rage. J’aurais pas dû fuir, Blaireau dirait que j’ai été lâche. Moi j’dis que c’est de l’instinct de survie quand un squelette géant, de 4 fois votre taille vous poursuit c’est le minimum requis.

J’étire mes pattes toutes molles et masse ma truffe. Je me releve comme je peux. Si Blaireau me voyais il rigolerais bien fort dans ces cabine. C’est bizarre je croyais être dans le paradis perdu mais…

Autour de moi il n’y a que du marbre noir c’est lisse sous mes griffes. À gauche, à droite, en haut, en bas… Mon cœur s’emballe. Je n’ai aucune idée d’où je suis. Je panique: je cours, vite, je glisse sur la pierre, cherche une issue, tourne à gauche, puis à droite, encore à droite,  à gauche. C’est sans fin. Un dédale de pierre sombre. La respiration frénétique je m’arrête et me laisse glisser contre un mur, je lèche ma patte, lisse mon poil, frotte mes yeux. Une action à la fois je me calme. J’en oublie presque ce que je suis. Une grande inspiration et j’allume une flamme au bout de ma queue. Brillante et chaude comme une étoile, la lumière me révèle de magnifiques colonnes, qui s’élèvent jusqu’au ciel, un lustre en tourmaline noire orne le plafond. Il reste encore des bougies dessus, je me concentre et les allume.

C’est incroyable. Je suis dans une immense salle, presque vide. J’avance, curieux maintenant, la peur est partie. Même mes poils de nuque sont à plat. il y a une odeur douce dans l’air comme celle d’un câlin avec un être cher. Au sol gravé dans la Pierre on peut lire, incrusté dans un cercle : temple chronomal trilithe.

C’est forcément Fémurix qui m’a traîné là. On sent la magie sur les murs. Je tente  un « hé ho » puis un « il y a quelqu’un » dans le vide. La seule réponse est celle de mon propre écho.

Quelque chose brille au fond, Blaireau dirait arrête de mettre ton nez partout où ça brille on dirait une Pie.

Mais moi j’dis allons-y personne n’est là de toute façon. Je trottine à l’autre bout de la salle il y a un autel, je grimpe dessus. C’est gigantesque et fait de granit. Sous moi, une fresque s’anime. Dans ma tête, des bruits de guerre résonnent des hurlements et des éclats d’épée s’entrechoquent. Je me déplace, sous mes pattes la fresque éveillée montre un monstre immense, drapé de ténèbres qui rugit. Une ligne fixe lui fait face. Non, pas une ligne… Une chaîne, faite d’être de chair qui se tiennent les mains, unis.

J’entends un chant, je ne le comprends pas c’est surement une langue ancienne que l’on ne parle plus au paradis perdu. la bête, le monstre au bout ce tort, rugit puis…

Plus rien.

L’autel en granite qui brillait si fort est redevenu noir. Je hurle «  non, mais attendez ! »

« non il faut que je vois la suite ! » Attendez…

Est-ce que… Femurix m’entraîne pour me battre contre cette chose, la bete flottante… j’ai cru qu’il déconnait comme un vrai fou. C’est un squelette après tout je n’allais pas le croire non plus !

Mais si c’était ça, si c’était ce monstre qui nous attend moi et le reste du monde, cette chose qui a englouti la lumière. Cette chose qui a aspiré toute la vie.

il faut que je trouve le machabée ! Absolument c’est urgent je ne suis pas un grand guerrier, il faut l’avertir et il doit trouver une autre recrue. Moi, l’épée légendaire et la nuit éternelle c’est vraiment pas mon truc. j’aurais dû garder ma truffe loin des trucs qui brillent, Blaireau le savait, il avait raison.

renard Feu Jour 1 (deux et trois en chemin)

Filed under: - Manon.gd — Manon.gd @ 21:45

Je cours vite, essoufflé, et puis là, le noir.

Les poils ébouriffés, la truffe engourdie, j’étire mes pattes, secoue ma queue, lance une étincelle sur un rat qui passe et dans un rire, je sors de mon trou. Encore une journée bof dans ce paradis perdu. Blaireau dis qu’avant la terre sous nos coussinets était verte et douce, moi j’dis qu’il s’est cogné la tête dans son terrier.

Je lisse ma fourrure et sens, le museau en l’air, l’odeur de mon petit déjeuné. Un mulot passe à côté de moi, vif et rapide il slalome entre les racines du sous-bois. Faut bien lui faire croire qu’il a une chance ce petit bonhomme. Sur la pointe des griffes, je le suis jusqu’à cet arbre tout flétrit et sec dans la vallée. Ça m’file des frissons ici, mais j’aime bien. Mon ventre gronde si fort que les corbeaux, haut perchés, s’enfuient à toute vitesse. J’suis surpris du bruit et recule. Sous ma patte un truc craque dans un bruit sec. AH pétard ! j’ai marché sur le doigt de pied d’un macchabé, quelle belle journée. Y’a plus un seul son autour. Blaireau dirait que c’est suspect moi j’dis il faut continuer. Est-ce que ? OH, OH, oui un truc brille dans le crane du squelette. La truffe en alerte je sniffe le gars au sol. De la magie ! C’est sûr, l’odeur persiste, acre et épaisse sur la langue. Une senteur de métal et de fer s’ajoute par-dessus. Tant pis pour le petit dej’, j’ai trouvé plus sympas. Je remonte mes poils de manche et glisse mes bras dans l’orbite du mort. Je le sens au bout de mes griffes, une sorte de bâton. Heureusement qu’il a la grosse tête celui-ci, je ressors facilement avec mon trésor. C’est un bâton, rouge et solide, il y a un petit bouton en or au bout. Blaireau dirait, « pas touche » moi, je presse le petit rond.

SSHHHLLIING !!!

Dans mes pattes, non plus un vulgaire bâton mais une magnifique épée, comme dans les contes de Blaireau ! Une toux sèche me sort de ma contemplation, les yeux encore grands ouvert d’admiration, je me retourne et le squelette au sol se relève ! Avec son reste de bras il se frotte le vide qu’il a pour œil.

Ça y est ! j’suis foutu ! J’le savais c’est la poisse. L’épée tendue vers lui je me rassure comme je peux. Il est Immense debout, un vrai géant.

Il baille exagérément et fixe ses deux trous noirs d’yeux sur moi. Il a une voix aussi profonde qu’ancienne quand il me dit « Petit, l’épée légendaire t’as choisi, La bête flottante battre tu devras ».

Alors j’ai eu la fausse bonne idée de lui dire : « Je sais pas me battre eh. »

Voilà, c’est comme ça que je me retrouve les fesses en feu, épée à la main, à esquiver et renvoyer dans le vide les coups du grand Femurix, Squelette Gardien de l’épée l’légendaire.

Depuis plusieurs heures je pare et attaque ma j’suis crevé moi, Femurix m’entraine depuis ce matin, j’abandonne avec un grand courage et pars de l’autre coté à toutes jambes.

Je cours vite, essoufflé, et puis là, le noir.

gruyère

Filed under: - Siri — Siri @ 21:11

On a traversé toute la ville en funiculaire pour aller voir les machines en action

Cette énorme chose a trois membres rotatifs creusait la montagne et s’enfonçant progressivement sous terre, un tunnel macabre se dessinait derrière elle, et la poussière expulsée formait un nuage bouillonnant

On l’a regardé agir comme ça je ne sais combien de temps, en nous enfonçant nous aussi sous terre à sa poursuite.

Une personne vint me secouer l’épaule, le boucan s’était arrêté depuis longtemps déjà mais mon corps avait la sensation de continuer à être secoué par les tremblements

Elle m’a tiré par le bras

On est allé boire au verre, mais ma tête était encore là bas. Un vieux monsieur m’a bousculé, il voulait passer mais j’étais sur sa route. Puis il a commencé à me parler, par ses gestes je comprenais qu’il évoquait le gros engin qui trouait la montagne comme un gruyère, mais la langue qu’il employait, avec les postillons qui fusaient entre ses dents cabossées ne m’aidaient vraiment pas à comprendre.

La route du retour fut longue. Dans le silence de la nuit j’avais comme l’impression que la ville résonnait encore des perforations commises dans son sol,

les racines auterivoises

Filed under: - Siri — Siri @ 21:09

Il parait que je pense à ces racines car je suis moi même au loin, que c’est un moyen de me rattacher à quelque chose. Moi je pense que je les reproduit pour essayer d’apprendre leur langage, pour les comprendre et me fondre en elles

Junji Ito my love

Filed under: - Louise — Louise @ 15:33

for nobody

Filed under: ramblings,- claude — claude @ 15:30

Hier j’ai posé mes deux mains sur la pâte
Et j’ai pris le temps de sentir
Le froid
La farine qui roule sous les doigts
De regarder,
Là, mes deux mains,
Devant moi,
À plat.

Filed under: - carnage — odilon @ 10:33

le soleil tient mes humeurs en joue

14 février 2023

princess of tsurugi, deuxième et troisième jour

Filed under: - evan — evan @ 13:08

Je suis sur la route, pas très loin de mon royaume, on peut encore apercevoir mes grands gratte-ciel décorer l’horizon. Je ne sais pas où je vais, peu importe, là où je vais, je veux qu’on me remarque. À mon cou une parure de milliers de gemmes qui descend le long de mon corps en dessinant des arabesques, pour finalement qu’ils terminent leurs danses entre mes doigts de pieds.

J’ai aussi les mystérieux graviers à ma taille. Je les ai délicatement enveloppées dans un morceau de satin, noué avec une corde de coton. J’aurais préféré des pierres précieuses plutôt que des petits cailloux mal formés. J’aime quand ça fait bling-bling sur mes hanches. Mais les graviers sonnent creux.

Attends, je fais déjà effet. Une silhouette là-bas au loin court vers moi. Plus elle se rapproche, moins elle est effrayante. Un petit corps malhabile écrasé par une énorme armure de plomb. C’est un spadassin de Landstar. Un pauvre enfant enrôlé dans l’armée de son pays. Son visage écarlate ruisselle de sueur. Il est terrifié, il est essoufflé, il enlève son casque, il agite sa main autour de son visage, mais rien y fait. Il coule toujours autant. Il me baragouine quelque chose. Quesqu’il croit, je n’ai pas tout son temps. Ses phrases sont incompréhensibles. J’ai l’impression qu’il pleure en plus de ça. Je finis par comprendre quelque chose.

Il y a un magicien, d’après lui super méchant. Ce sont ses mots. Il la vue tuer beaucoup de spadassins comme lui. Ils se sont tous battus à mort, jusque parce que le magicien le leur avait demandé. Ils étaient comme envoûtés, leurs petits membres se crispais dans leurs grosses armures pour finalement céder aux ordres du magicien. Ils sont tous mort et je suis le prochain me dit il.

Quand tout un coup toutes les chaires du spadassin s’évapore pour laisser un gros tas métallique à mes pieds.

Je prends la fuite, j’ai peur, il est peut-être derrière moi. Mais qui c’est qui ce type qui tue des gosses à la pelle ?

 

Je me réveille. Je suis immobile. Je n’arrive plus à sentir mon corps. C’est comme si je n’en avais plus. Ma chaire, mes oses, mon sang n’existent plus. Je ne ressens plus rien, ou je ressens autre chose. J’ai l’impression de bouger, de tournoyer. Comme si je me trouvais dans un cyclone où comme si c’était moi le cyclone.
Je vois 7 grandes sources lumineuses qui surgissent du rien. Elles sont éclatantes. Elles me brûlent les yeux. Alors que des yeux, je n’en ai plus. En fait, je suis une lumière comme les autres, nous sommes 8. Je suis la seule à bouger. Il y a une qui a l’air excentrique, à côté d’elle une autre plus rigide comme du métal. Dans le fond, là-bas, il y en a une qui crame la peau ou plus loin une qui semble vouloir s’échapper, et encore plus lui il y a celle qui bourgeonne. Aussi, une autre semble entourée d’obscurité. Et puis à ma droite il y a celle qui me rassure. Moi, j’ai l’impression de tout pouvoir faire, l’impression de pouvoir traverser n’importe quelle distance, l’impression de pouvoir toutes les rejoindre. Je pense qu’elles dorment encore, il faut que je les réveille.

Je m’approche de celle qui se trouve à ma droite : celle qui me rassure. Je n’aurais pas du. Je me sens absorbé. Les seules sensations qui j’ai pu ressentir jusque-là, je les ai perdues. J’ai l’impression qu’elles sont à elle maintenant.

Je me réveille une deuxième fois, face à elle. Une créature à trois yeux. Celle qui était auparavant la lumière qui m’a attiré. Elle ne me voit pas pourtant, j’ai l’impression qu’elle m’a appelée. Où peut-être que c’est moi qui ai besoin d’elle. Oui, je pense que c’est ça.

Écoute.

Est-ce que tu m’entends ?

Je crois que tu ne m’entends pas, mais pourtant, j’ai besoin de te parler. Comme si c’était vital. J’ai l’impression de ne pas avoir de temps.

Je ne sais pas si toi aussi, mais le mal a l’air de grandir, dans l’atmosphère comme dans mon corps. J’ai peur et toi, tu n’as pas l’air. Les gens parlent du Renoncer, peu importe son nom, je ne vais plus être seule le jour où je le reverrai.

Je veux être avec toi.

J’ai l’impression de connaître la sensation de tes yeux posée sure moi. Comme un regard qui soigne.

Dis-moi ou tu es ?

shaman de la Vallée de Brume, troisième jour

Filed under: - evan — evan @ 12:38


Le jour s’est levé depuis déjà un moment. J’ai repris ma marche après une nuit de
seulement deux heures – je n’arrive plus à dormir depuis mon sommeil éternel. Je ne
voulais pas rester à l’auberge plus longtemps que ça, le serveur parlait bien trop et, même si
j’étais quelque peu heureuse d’être enfin tombée sur quelqu’un, ma solitude et mon voyage
m’appelaient toujours à revenir. Je regarde le soleil: il est bien haut dans le ciel, éclaire tout
d’une vive lumière autour de moi, teinte les roches du paysage de jaune et d’orangé. Je
marche sans réfléchir, une patte devant l’autre, quand soudain je sens tout autour une
présence. Je la vois, à vrai dire, ou bien il me semble la voir, mais l’ombre est vive, rapide,
elle passe du coin de mon œil gauche au coin de mon œil droit en une demie-seconde,
bondissant aux quatre coins de mon champ de vision.
Du silence naissent des rires. Rien à voir avec ceux de l’auberge, la veille, ceux-ci
s’épuisent dans en écho contre les montagnes et me font froid dans le dos. Venant du sol,
un lapin apparaît. Il sourit, d’un sourire absurde qui me dévoile toute ses dents, même la
carie du fond de sa mâchoire, un sourire déchirant d’une oreille à l’autre, un sourire en
lequel, tout de suite, je ne fais pas confiance. Ce Lapin des Ténèbres ne sait pas tenir en
place. Il saute sur lui-même, ses grandes pattes rebondissant et faisant souffler des nuages
de poussière, qui salit une fois de plus mon sarouel. Il brandit les bras en l’air, tente de
prendre mon visage dans ses mains – mais je recule d’un pas. Je ne veux pas qu’il me
touche. Derrière lui, un portail lumineux s’ouvre et brise le calme du paysage. Il ne s’arrête
pas de rire. Même quand il parle, il rit. Tous les deux mots, il rit. Il m’invite alors, entre trois
rires et cinq bonds, à le suivre dans cette autre dimension.
Son rire, même lorsqu’il ferme la bouche, ne semble pas me quitter. J’ai l’impression de
continuer à l’entendre, même dans mon esprit, coincé là où il ne doit pas être. Je ne veux
pas le suivre. Mais je ne contrôle plus rien. Je me demande un instant si son rire n’est pas
semblable au chant des sirènes: mélodieux, ensorcelant, hypnotisant. Mon esprit, mon corps
et mon cœur se lancent dans un débat fastidieux, ils ne sont pas d’accord, je le ressens.
Non, vraiment, je ne veux pas le suivre. Mais je ne contrôle plus rien. Je passe le portail et
me retrouve ailleurs, aveuglée de lumière et de blanc. Je ne sais pas où je suis, mais j’ai

comme une impression de déjà vu intense, comme si cet endroit m’avait déjà accueilli
auparavant.
Je n’entends plus le rire du Lapin des Ténèbres. Je ne le vois plus non plus. Je me retrouve
seule, encore, dans ce monde vide de couleurs et de contrastes, où seul le blanc existe. Le
portail qui se trouvait derrière moi a disparu. Je suis bloquée ici, et je me demande si cet
endroit n’est pas peut-être celui où je m’étais cachée pendant mon dernier coma. Si oui,
alors ce rêve n’est pas des plus divertissants. Si non, alors j’en veux énormément au Lapin
des Ténèbres de m’avoir forcé à m’y rendre, et encore plus de m’y avoir abandonné.
Dis-moi où tu es.
Je ne sais pas qui me parle, car ici il n’y a que moi. Mais la voix est douce, bien plus douce
que le rire suspicieux du Lapin des Ténèbres, et je ressens le besoin étrange de m’y confier.
Mais je n’ai pas l’habitude de beaucoup parler, m’exprimer m’a toujours été difficile. Je
pense mille mots, j’ai tant de choses à te dire. Mais seulement quatre, tremblotant, arrivent à
sortir.
Je ne sais pas.
Je m’assois en tailleurs et convoque des énergies profondes qui, je l’espère, pourraient
m’aider à trouver la sortie. Je me rends compte ici, que ma mère me manque. J’aimais
l’écouter parler des heures durant, elle chuchotait puis elle criait, elle agitait souvent les
bras, parfois même elle lançait des objets contre les murs et ils s’y fracassaient. Elle vivait
tout avec beaucoup de passion et d’intensité – le village la pensait folle, moi je la trouvais
sensible. Elle me disait toujours qu’un grand destin m’attendait, mais jamais je n’aurais
pensé que ce destin-là serait de passer mon temps à m’endormir, à rejoindre l’au-delà. Je
suis au moins heureuse d’avoir pu rencontrer le Ciel.

shaman de la Vallée de Brume, deuxième jour

Filed under: - evan — evan @ 12:37

Cela fait déjà deux jours que je marche. J’ai les jambes lourdes de tous les pas qui
m’ont guidé, et le sarouel sale de poussière qu’ils ont pu soulever. La marche fut
longue dans cet environnement désert, où ces grands géants de lumière, les Monts
Illuminés, ne s’avéraient pas être ma compagnie la plus bavarde.
Mais alors que le soir tombe sur ce deuxième jour, j’entends pour la première fois
des rires et des cris, qui me rappellent soudain que je ne suis pas seule au monde.
Devant moi se dresse une petite bâtisse faite de pierre et de terre-paille, illuminée à
la bougie déjà trop fondue, et où le bruit semble avoir vaincu le silence.
J’y rentre d’un pas décidé, pour me nourrir et m’abreuver, tant en mets et en
boissons qu’en rencontres et discussions. Il y fait chaud – mais je n’ai jamais craint le
froid. Il n’y a pas foule, seulement quelques clients de fond de salle, mais ils font
bien assez de bruit pour combler le mutisme des absents. Tout juste je pose mes
griffes sur le comptoir qu’un curieux personnage, bien au moins une tête de moins
que moi, m’accueille d’un sourire malicieux. Il a l’air d’avoir de l’expérience en ce qui
concerne les étrangers de passage, les voyageurs, les vagabonds dans mon genre.
Il a le nez aussi rouge que le contenu de la fiole qu’il brandit, qu’il secoue presque
devant mon visage.

Salut mon poux, qu’il dit, bien familièrement, avec l’accent d’un trop plein de
bière et l’odeur qui va avec. M’a l’air bien fatiguée ‘vec tes yeux cernés, v’la
combien de temps que tu marches? Si t’es bien fatiguée j’te dirais bien de
boire ça, là, c’est un Médicament Rouge, super rare, pas cher pas cher,
gratuit pour toi même, t’as de beaux yeux c’serait dommage d’garder tes
cernes ma foi.
Moi je ne répond pas tout de suite, car j’ai bien l’envie de lui répondre tout un tas de
choses, déjà que je n’ai rien d’un poux et puis que je ne suis pas fatiguée, car à vrai
dire cela fait déjà bien trop longtemps que je dors, non, je ne suis pas fatiguée, j’ai
même plutôt de l’énergie à revendre, alors son Médicament, ce serait peut-être
plutôt à lui de le boire, car son élocution semble bien compliquée, mise à mal par
tout un tas d’autres éléments. Ma mère, en plus, était certes un peu étrange, un peu
dérangée, mais elle m’a toujours dit que les fioles gratuites ce n’était pas bon
augure, encore plus offertes de la part d’inconnus, et je compte bien lui donner
raison. Je ne dis rien de tout ça parce que j’ai tout de même besoin de manger et je
ne veux pas le fâcher, mais je n’en pense pas moins. Alors, je refuse poliment.
T’es sûre…? Bon, ben, ok, j’te la donne pas alors! De toute façon c’est toi qui
rate un truc, hein ! Moi j’m’en fiche, c’est comme ça. Bon bah alors tiens,
dis-moi bien c’que tu veux, à boire à manger, moi j’ai tout ce qu’il faut, tout ce
que tu veux. Bon par contre cette fois tu paies hein, le médoc gratis c’était
juste comme ça, bon, mais le reste non. Des brocolis sans sauce? Oui
d’accord j’te fais ça, des brocolis et de l’eau, bah super, c’est la diet ici à ce
que je vois. Non, non, enfin sans jugement hein, tu manges bien ce que tu
veux, tu bois bien ce que tu veux.
Je prends place sur un tabouret bancal, au bois vieux dont je sens déjà une écharde
se planter dans la chair de ma cuisse gauche, je grimace mais encore une fois, je ne
dis rien. Il me sert d’abord le verre d’eau, et je vois derrière lui son chaudron s’agiter
tout seul, préparant probablement mon plat favori. Je remarque qu’il parle beaucoup
et qu’il n’attend pas vraiment de réponse de ma part – j’en déduis qu’il se sent seul,
ce serveur. Il a des choses à raconter, trop de choses, et seules deux oreilles bien
tendues pour l’écouter – les miennes.
Bon ça cuit, là. Ça arrive. Tu connais toi la Couronne du Monde? Je fais oui
de la tête, mais déjà il repart. Ben tu sais, bon, y’ a pas qu’elle. Y’a le
Renoncé aussi. Lui on en parle souvent moins, mais il est important aussi,
très important, plus important que La Couronne, parce qu’en fait, bon, je te le
dis à toi, mais voilà, t’en parle pas hein, mais le Renoncé, il est encore plus
fort. Et moi là, tu vois, tout ce dérèglement, bon tu vis pas dans une grotte,
t’as bien du en entendre parler… (A vrai dire, non, car je dormais). Bah moi,
j’suis sûr que ça vient de lui, bon. Je te fais une confidence, moi, le Renoncé,
je l’ai même déjà vu, si, si, dans cette même auberge, ouais. Il est venu, bah

tu sais, lui non plus il a pas voulu de ma fiole, ah ça vous fait bien un point en
commun hein. Il est super grand, mais bon il tirait vachement la gueule, et
puis bon, il parlait pas trop. Un peu comme toi en fait. Mais toi t’es plus
sympa, enfin t’as l’air, en tout cas, puis bon, vu ton régime alimentaire, ça va,
je pense que tu ferais pas de mal une mouche. Ça te donne quoi, ça? 15
points de vie, même pas? Bon, alors ça devrait aller. Ah tiens c’est déjà prêt,
bon, bah faut croire je parle un tas, tiens v’là t’es servie, bon, en tout cas le
Renoncé là, je l’ai trouvé très étrange, et puis il avait des manches très
longues, on voyait pas ses mains, peut-être même qu’il en avait pas, tiens.
Peut-être même qu’c’est pour ça qu’il ne mangeait pas, bon. C’bien vrai que
ce serait une bonne raison. Bon bah bon’ app hein. Si t’as besoin de quelque
chose, bon, tu me dis.

 

 

garadholg, allié de la justice – jour 3

Filed under: - claude — claude @ 00:47

Le voyage est épuisant. Le carrosse est trop étroit pour nous quatre : Moi, Garadholg, allié de la justice, le Garçon Excentrique, et les deux reboteux repentis. Mon armure grince et c’est comme si la cabine rétrécissait plus nous nous approchons du point le plus lointain au sud-ouest : la pointe de Garanhée. Les forces s’étirent, les reboteux s’écrasent, le dérèglement ne fait qu’empirer. Le Garçon Excentrique, pour une fois, se tait. Je sais qu’il est derrière toute cette affaire de carrosse mais je lui demanderai plus d’explications quand les reboteux seront endormis.

Je suis le Garçon Excentrique et, pour une fois, je me tais. Préparer tout ce plan dans le dos de Garadholg n’était pas de tout repos. J’estime avoir fait ma part, pour l’instant.

Le Garçon Excentrique n’a toujours pas repris la parole. Je m’inquiéterai si je n’étais pas Garadholg, allié de la justice, pour qui ce genre de futilités importent peu. Nous sommes en escale dans un pays plat et vert, et cell·eux d’entre nous qui frôlent le sol ont le nez dans l’herbe. La nuit est tombée. Le Garçon Excentrique a disparu. Moi, je me dégourdis les jambes. Il y a un lac à quelques pas et je m’y installe. Ce soir a comme le goût d’avant le dérèglement. À travers mon armure de métal, je respire. Ça faisait longtemps. Mon esprit vagabonde… Je pense à mes frères… À mon pays… Au fait de se tenir droit… L’eau devant moi se trouble. Au départ, je n’y prête pas attention. Mais soudain, les ondes s’écartent, et, ruisselant, en sort un livre. C’est un livre à l’allure précieuse, à la couverture de cuir, orné de symboles anciens. Le dos du livre est sur la droite, et je me dis que les coutumes des contrées lointaines parfois sont étranges. Il s’ouvre tout seul, flotte à quelque centimètres au dessus de l’eau. Le livre, d’une voix claire, cousue d’étoiles, annonce :
« Garadholg, allié de la justice, durant ta quête, n’oublie pas ceci : les aventurièr•es qui jamais ne transcrivent leur quête commettent une terrible offense à la mémoire du passé. Une partie, jamais ne peut faire un tout. N’oublie pas les compagnons à tes côtés. »
Alors, sur les pages du livre, dans un enchaînement flou, je vois des contrées lointaines, traversées par des aventuriers épuisés qui, sans que je comprennes pourquoi, me ressemblent. J’y vois des princesses et des magiciennes, des renards et des lapins, des mandragores et des tomates. Je n’y vois pas de Garçon Excentrique. Tout d’un coup, je suis clairvoyant : je ne puis pas réussir cette quête seul. J’ai perdu Garçon Excentrique pour ce chapitre. Son silence aurait dû m’inquiéter. Il m’est indispensable, et son silence, autant que mon inattention, pourrait nous perdre. Nous sommes sur la bonne piste, et nous ne pouvons pas faire tout rater maintenant. Je me lève brusquement. Le livre de la lune s’enfonce doucement dans l’eau. La terre tremble. Sur l’eau du lac, des vagues apparaissent. Le temps presse.
Je me mets à la recherche du Garçon Excentrique.

Filed under: - carnage — odilon @ 00:14

parfois j’ai peur

13 février 2023

PRISOMATE #3

Filed under: - Fevriax — Fevriax @ 21:56

#3

Après le chaos de ces derniers jours, le calme des sentiers me fait le plus grand bien. Je redécouvre le soleil sur ma peau, l’odeur du matin et le bruit des insectes. Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti un tel apaisement. Hors de ma cellule, tout paraît plus beau, plus agréable. Même cette chaleur de plus en plus étouffante parait agréable. Ce n’est pas très compliqué de faire mieux qu’un mètre carré de moisi en même temps. Mais l’idée que tout cela ne soit plus qu’un lointain souvenir me ravi et je ne peux m’empêcher de sourire tout le long du chemin qui mène à Sogen.

Ma joie est de courte durée : devant moi vient d’apparaitre un personnage à l’allure douteuse et au regard inquiétant (il louche un peu). Il ne se présente pas, il ne dit pas un mot mais il ressemble à un magicien du temps. Ça ne m’inspire pas confiance, alors je décide de prendre la fuite.

À peine ai-je tourner les talons que le paysage autour de moi devient flou, et voilà que je me met à tanguer. Je l’entend ricaner derrière moi. Mes yeux se ferment pour se réouvrir immédiatement. Tout est net de nouveau. Je suis en train de courir.

Je cours et je trébuche. C’est trop tard, j’ai à peine le temps de me retourner qu’ils sont sur moi. Le poids de leurs armures m’écrase. J’ai beau me débattre mais rien n’y fait. On me passe des menottes, comme si le boulet ne suffisait pas. Et sans un mot, on prend le chemin du retour.

Je ne veut pas y retourner. Hors de question que j’y retourne.

Mais c’est comme si je ne pouvais pas exister en dehors de cette cellule.

Comme si quoi que je fasse, et peu importe l’effort que j’y met, c’était inévitable.

Comme si même mon prénom indiquait que ma place est en prison.

Rien ni personne ne pourra me sauver, pas même la fin du monde.

 

PRISOMATE #2

Filed under: - Fevriax — Fevriax @ 21:54

#2

Je cours. Je cours et je trébuche. Je n’ose pas me retourner, mais je sais qu’il faut que je me relève vite. Je suis rapide mais ils sont armés. J’ai mal aux pieds, mon boulet me frêne mais il faut que je me dépêche. Je ne veux pas y retourner. Hors de question que j’y retourne. Jamais plus. Je préfère l’air brûlant et le sol sec du dehors à ma cellule sombre et humide.

Soudain je ne cours plus.

Même si il le faut, je ne peux pas aller plus loin car devant moi dort un géant de pierre. En fait, je ne sais pas si il dort mais il est si grand et silencieux que c’est dur de savoir si il est vraiment conscient. Il me barre la route en tout cas. Je ne pense pas que ça soit volontaire mais je n’ai pas le temps de le découvrir. Je grimpe, creuse, frappe. Mais son corps semble fossilisé, et rien n’y fait : je ne passe pas. J’ai le souffle court à cause de l’effort et de la peur. Ils seront là d’un moment à l’autre. J’entends leurs armures cliqueter au rythme de leur pas. Un pas lourd et sûr de lui qui semble dire ‘’Pas la peine de courir, on te tiens’’.

Mais à travers ce bruit pesant, un son plus calme et plus doux se fait entendre. On dirait le battement d’un coeur si gros qu’on pourrait s’y cacher. Je me rapproche du géant et colle mon oreille contre sa poitrine. Il semble creux. Et comme pour me rassurer, le battement se fait plus fort. Mon coeur aussi accélère. Ça serait presque mélodieux si le bruit métallique des armures ne résonnait pas autant. Soudain, son pied se soulève avec une légèreté étonnante pour un être fait de pierre, et le chemin se retrouve dégagé. Je parviens enfin de l’autre côté, mais cette fois si je ne me dépêche plus. Je sais que mon nouvel ami ne les laissera pas passer.

 

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