i am sorry mademoiselle mais je suis amoureux !
le bout tout mouillé de la crêpe
tout sucré trop bon
au bord du palais en haut près des oreilles
le bout tout mouillé de la crêpe
tout sucré trop bon
au bord du palais en haut près des oreilles
Il manque des boutons à mes chemises !
C’est au niveau de mes seins
Je ne peux pas me refermer complètement.
Je fais appel à des symboles auxquels je ne comprends rien
Et pour une fois, leur surface me suffit.
Le tétramorphe,
Oiseau de Luc
Au dessus de mon corps
Comme un pont
Comme un protecteur
Il règne ici une atmosphère douce-amère
Où l’on n’oublie pas
Le poids des légendes
Le poids des églises
Des ruines
Plombées dans le sol
Comme des grands arbres de pierre
Qui nous regardent d’en haut.
Rome est une drôle de ville
Où les trottoirs glissent
Où les tauraux sont ailés
La gravité déforme l’espace et le temps et je me dis que nous sommes des corps lourds et que peut-être de toutes nos forces on déforme des petits espaces-temps. Des touts petits espaces temps, comme des mouchoirs à carreaux posés les uns sur les autres, et nous, entre les couches, comme des petits pois.
La lumière de l’auditorium est une lumière qui ne devrait exister que dans le dessous des yeux.
C’est une bulle comme un trou, qui aménage du vide autour, comme une larme humide et chaude qui s’étend au devant de moi, qui prends tout mon visage et tout mon torse, qui mets le monde à distance et moi derrière. Dans la bulle le bruit est étouffé, et quand j’ai appelé ma maman ce matin la bulle a explosé. Alors, tous les restes se sont retrouvés sur mes joues, et ma mère pendant ce temps me disait que jamais on ne serait fâché·es pour une salade.
Ça fait tellement de bien de dessiner des rockeuses, c’est comme si elles te donnaient un peu de leur force quand t’appuie fort sur le crayon.
La conversation s’était suspendue
Je n’avais pas encore fini ma phrase qu’on le sentait déjà
L’air était plus dense
Il était alourdi par toute la tendresse des histoires qu’on venait de raconter
Ma chaise n’est pas à la bonne hauteur et ça m’empêche d’écrire parce que mes pieds ne touchent pas le sol et que j’ai une drôle de sensation dans le dos et le haut de mes cuisses. Comme si j’étais tout faible et que j’allais m’évanouir, mais que mes jambes.
Je suis tout coincé·e
Je ne peux plus bouger mes bras
Je n’ose pas le toucher
Je bute sur mes mots
C’est comme s’ils étaient devenus des très grands cubes dans ma bouche
C’est comme si je m’élançais et que je me prenais un mur au milieu du front (ce serait un tout petit mur par conséquent)
Je n’avance pas
Dans rien
Nulle part.
Il faudrait s’en inquiéter.
Hier c’était comme si de la fonte avait coulé dans mon ventre. De la fonte, qui aurait décalé mes hanches de 10 cm sur le côté et qui aurait empêché le sang de couler. En haut, les larmes ont coulé depuis mes yeux jusque dans ma bouche. Sur mes joues. Elles m’avaient manquées.
Je déteste avoir les doigts qui sentent.
Je tolère :
l’odeur de l’ail et des légumes
les savons qui sentent bon
des fois l’odeur de mes cheveux
des fois l’odeur des cheveux des autres
Ça fait que très souvent j’ai ma main collée contre mon nez. C’est très rassurant de savoir comment se sentent mes doigts.
Les tartines beurre et miel sont les meilleures tartines jamais je dis bien jamais vous ne me ferez changer d’avis.
Hier soir une fille tournait autour de la table pour trouver une place assise, elle avait son kebab dans la main et elle osait demander à personne. Du coup je me suis levé.e et elle m’a demandé si je laissais ma place, et je lui ai répondu que oui en rigolant. Elle m’a encore demandé deux ou trois fois si j’étais sûr.e et elle a finit par s’asseoir, et, en montrant son kebab : « C’est parce que c’est quand même meilleur assis ! » J’ai rigolé et je me suis dit que j’étais bien content.e de lui avoir cédé ma place.
Je me suis endormi·e tout à l’heure quand Loussine préparait à manger. Je me suis mis·e à l’envers dans le fauteuil, j’avais une jambe repliée sur l’autre, et tout mon dos et mon cou et mon crâne tenait sur l’assise. Je n’avais pas encore froid et j’avais déjà sommeil, alors à un moment pendant que je souriais, mes yeux se sont fermés. C’était un sommeil terriblement doux.
Quand j’ai cherché « la mer » dans le catalogue de la bibli d’abord il y avait des livres pour enfants. C’est drôle parce que c’est vrai en fait, peut-être que les adultes s’éloignent de la mer. Après j’ai pensé à tous les adultes qui vivaient près de la mer et en fait peut-être que c’est mentalement qu’on s’éloigne de la mer. Après je me suis dit que c’était bête, qu’il y avait plein d’adultes proches de la mer, tous ces adultes rempli•es de vent et de sel et de vagues, les adultes qui sont bougé•es, les adultes qui ont les cheveux salés et les yeux qui brillent. J’aimerai bien devenir un•e adulte comme ça, un•e adulte pas grise de la ville, un•e adulte grise de la mer.
Quand je raconte des trucs il faut que je raconte tout en long en large et en travers et des fois ça fait tellement de mots que je me perds dans ma voix et j’en ai le tournis. C’est grisant d’avoir tant de choses à dire. C’est comme un torrent qui sortirait de ma bouche.
Une de mes choses favorites peut-être c’est taper le rythme des chansons avec le côté de ma main et faire vibrer la table ou le guidon de mon vélo.
Je préfère encore plus le faire avec mes pieds et faire vibrer toute la terre.
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