Errances

J’ai les joues rouges et la nuque froide.

Je suis assis dans la cuisine, sur une chaise mais pas sur une table, de toute façon on en a pas. Au dessus de moi, il y a mes pommes qui commencent à faire du bruit dans la casserole à compote. Il faudrait que j’aille touiller. Il y a la chanson « Wild Thoughts » de Rihanna qui joue depuis mon enceinte qui est posée à côté des plaques. Je suis fatigué·e mais content·e. J’ai du mal à trouver le raccourci pour le point médian sur mon clavier. Tout à l’heure j’ai regardé en boucle le premier moment où Jess et Nick s’embrassent dans New Girl. C’était super.

J’ai dit à tout le monde ce soir que j’avais comme du sable sous les yeux. J’ai du sable sous les yeux depuis 18h30, le sable est resté avec moi, au café, à la fée verte, au pont au dessus de la vilaine, et dans mon lit.

Des fois ça m’énerve mais là c’était très rassurant.

Hier soir il y avait un moucheron dans mon verre. Peut être que je l’ai avalé.

J’ai envie de fondre dans les murs, d’être bloqué•e dans la brique. J’ai la gorge serrée et c’est comme si mon appartement avait rétréci… Un tout petit peu… Un jour j’ai dit à Blaise que si il y avait bien quelque chose que je n’étais pas c’était claustrophobe. Est ce que la question se repose quand on rêve que les murs nous ont avalé ?

La colère du lundi est partie. Je flotte, les yeux glissants sur mon livre, les bras portés, Yelle dans mes oreilles, la sécheresse du café entre ma langue et mon palais.

Je suis très en colère.

J’ai une réserve d’énergie sans fond que je n’arrive pas à faire passer. Elle nourrit ma colère. J’ai l’impression de ne rien faire et pourtant j’en fais des choses, ça me rend ouf je veux partir. Qu’est ce que même je fais ici ? J’ai la flemme de réfléchir et mon travail n’as pas tant d’intérêt. Je m’emmerde.

Est ce que ce n’est qu’aujourd’hui ? On est lundi sa mère vraiment une journée à chier comme dis tout le monde comme un lundi. Mon bureau est en bordel, ma tête est en bordel, je veux regarder des films mais j’arrive pas à me concentrer plus de 20 min.

J’ai mon casque sans musique pour enlever le bruit mais il y a déjà personne. Des couches et des couches et des couches de non sens sa mère. J’ai pas envie de réfléchir. J’ai envie de tout lâcher mais même ça j’ai la flemme. Même ça c’est trop dur. Je vous laisse je dois aller prendre un café avec mon ex je me suis dit que ça me ferait du bien (bête).

Mon porridge est rose. À travers le pot, la confiture de mûres se reflète dans ma main.

On regarde Hunger Games à la maison pour se remettre des émotions d’aujourd’hui. La vie a goût de film. Drôle de goût.

« C’est vieux les dictées »

« Ouais j’ai lu Marcel Pagnol ça m’a rappelé »

J’ai lu Le Château de ma Mère et la mère de Marcel meurt à la fin. J’ai eu les larmes aux yeux parce que c’était trop triste et très imprévu.

À la fin de l’atelier d’écriture on a tous dit des souvenirs liés à des sens, et c’est pareil, j’étais très ému, parce que c’était imprévu et un peu triste.

J’avais la gorge toute serrée et en même temps j’avais envie de sourire, c’était de la belle tristesse, elle était toute chaude.

Ce soir j’ai été le cuistot pour tout le monde et ça m’a plu.

Marion m’a dit de me perdre. Au milieu du tirage c’était La Tempérance.

J’ai mal au ventre parce que j’arrête pas d’annuler des trucs. Ça me mets le vertige. Ce matin j’ai loupé mon réveil. Ça m’arrive jamais. J’ai envie d’être amoureux·se pour oublier mais même ça j’ai pas l’énergie, et puis je crois que c’est pas comme ça que ça marche.

Hier soir j’ai pas réussi à dormir parce que j’avais ce morceau de son dans la tête. Ce soir je le ré-écoute avant de dormir. Je n’apprends pas de mes erreurs.

Mes larmes sont vertes.

Ce matin j’ai trouvé un grain de beauté sur mes côtes. Je peux le voir que si je soulève mes seins.

Je regarde beaucoup, surtout à gauche de moi. Je sens mes cernes qui tirent sur mes yeux. Je porte un masque à l’intérieur, c’est mon crâne et il est creux.

Je suis dans le métro.

J’ai chaud du haut des joues jusqu’à la taille. C’est comme si une bulle de chaleur et d’humidité s’était glissée entre mon sweat et mon imper.

J’ai chaud aux épaules. J’ai chaud aux coudes. J’ai chaud aux seins.

Autour de 15h30, tous les jours je suis MÉGA saoulé•e. Après ça passe. Le lundi ça reste. Le dimanche aussi.

J’ai l’impression d’être accroché·e à une réalité toute proche, je peux la sentir accrochée dans le creux entre mon œil et ma tempe droite. J’ai envie de regarder au travers, alors j’ai du mal à être attentif·ve à ce qu’il se passe sous mon nez.

C’est une réalité de probabilités. Chiant.
En plus elle chatouille.

Mon gratin cuit. Je suis tout·e seul·e à la maison. C’était un drôle de lundi.

Hier soir on a fait la fête chez Carla c’est pour ça que j’ai pas posté !!! J’ai oublié mon pull chez elle il faut que je lui envoie un message pour qu’elle me le ramène lundi. Avec Noémie on a acheté des bières qu’on nous a donné dans un sac poubelle, je suis sûr·e qu’il en reste au moins la moitié. J’ai bu dans un gobelet rose et il y a un moment où je l’ai perdu, et j’ai cru l’avoir retrouvé mais en fait c’était celui d’Adèle, il était rouge mais on voyait pas bien.

Je me vois bien devenir un sacré syndicaliste au Massicot, porter des sweats avec des capuches, présenter des textes à rallonge et organiser des trucs.

salut les stars

aujourd’hui on a été à la mer on était trop mignons franchement

on a lu des petits bouquins on a dormi dans la voiture on a mis les pieds dans l’eau

j’ai bien senti que j’étais un chouille à côté de mes pompes mais aujourd’hui c’était pas l’important

culpabiliser à la mer, franchement ça sert à quoi ?

Tout à l’heure j’ai présenté mon projet de dessin à Charlotte, et d’abord ce que j’ai dis c’est que j’allais travailler avec des géant·es, ensuite j’ai dit que ça allait parler d’amour et quand j’ai dis que en fait ça allait parler de rupture, j’ai pleuré.

Elle a souri.

Hier Jérémy nous a demandé de guider des gens par la voix. On avait pas le droit de dire des mots, c’était seulement du son. Je voulais pas le faire, alors je suis resté·e assis·e contre le mur au début, et puis après je me suis dit que c’était trop bête du coup je me suis levé·e.

Mais je voulais pas guider, je voulais être guidé·e, mais l’autre personne qui s’est levé·e en face de moi elle a dit « Je fais l’aveugle ça te dérange pas ? » et comme elle l’a dit avant moi eh ben j’ai trop rien dit, mais j’avais trop peur je voulais pas le faire ! C’est comme si ma voix elle était coincé·e dans ma gorge, et quand elle a voulu sortir au début j’ai eu les larmes aux yeux, et les mains moites.

Et puis j’ai commencé par respirer fort, parce que ça fait sortir du son et que c’est moins intimidant, et après j’ai été menaçant et après j’ai été relaxant et je me suis perdu·e dans mon corps et dans le son.

Et je l’ai fait j’ai réussi. À la fin je tremblais.

Sur mon mur, à ma gauche, pile dans le halo de ma lampe de chevet, il y a une fourmi volante. Ce midi il y en avait une dans mes cheveux.
Peut-être que c’est la même. Peut-être qu’elle m’aime bien.

Il y avait des gens qui me parlaient derrière moi, je les entendais mais je ne les voyais pas. C’était très étrange.

J’ai fait tomber mes lunettes.

Quand je les ai remises, j’ai eu l’impression qu’elles étaient tordues. Tout d’un coup, je voyais la monture dans mon champ de vision.

Dans le miroir elles étaient droites, finalement.

Ce soir à 20h il y avait plus rien à manger, (en soi si mais on a mangé du riz toute la semaine on en avait marre). Alors je suis allé·e acheter :

• des pâtes
• des tomates
• et des oignons.

Je suis allé·e à mon Super U préféré. Et il faisait chaud dehors. Et j’ai rêvé d’amour.

C’était une super balade.

bonjour je suis claude

en réalité je m’appelle claudine mais tout le monde m’appelle claude parce que j’ai les cheveux courts et que je suis un peu garçon manqué

j’ai un chien qui s’appelle dagobert

d’habitude j’aime beaucoup manger mais aujourd’hui c’était un peu moins bon parce que j’ai pleuré dans mon assiette