« Il n’y a que dans les livres que l’on peut changer de vie. Que l’on peut tout effacer d’un mot.
Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilenies et au bout d’une phrase, se retrouver soudain au bout du monde.
Ce livre est beau. Il se lit en une journée. Il emporte avec douceur dans les méandres d’un quotidien si vrai, si juste et si touchant.
« Leurs bras, qui pendaient jusqu’à terre, se terminaient par des mains difformes. L’index et le majeur, l’annulaire et l’auriculaire s’étaient soudés pour ne former que deux doigts épais comme des bras d’athlète, auxquels s’opposait un pouce tout aussi gros. Des griffes aigües les armaient.
En haut de leur corps, leur tête au crâne poli paraissait minuscule. Les traits du visage étaient presque entièrement effacés. Les yeux à fleur de chair, sans cils ni sourcils, regardaient droit devant eux. Deux trous remplaçaient le nez, les oreilles s’étaient résorbées, le menton se fondait dans un cou musculeux posé en pyramide sur des épaules prêtes à porter la charge d’Atlas. »
R.Barjavel
La machine me cerne. Son fracas m’assourdit et traverse la mince parois protectrice des boules quies.
On me les a données de force, mais je ne regrette pas leur prévention.
A vrai dire, je les remercie même dorénavant de cette simple attention.
J’ai été guidée, allongée, placée, manœuvrée. Les sempiternelles questions ont été six fois posées, reposées, ressassées.
Je suis à présent allongée, la tête coincée dans un carcan de plastique.
Ma peau est libérée dans un change peu esthétique. Aseptisée.
Je ne dois pas bouger, ne dois surtout pas paniquer.
Ici il est affaire de logique.
Ma main effleure la poire de caoutchouc.
Je l’imagine douce et moelleuse, pour répondre aux attentes de ceux qui ne peuvent résister, pour répondre à leurs pressantes demandes de liberté.
Si les premières respirations sont tremblantes et retenues, la suite me fait oublier la présence d’inconnus.
l’enfermement qui restreint mes mouvements progressivement me détend. Univers bien vite parcourus et dompté.
L’éclat métallique résonne. Les différentes rythmes se couvrent et s’entremêlent.
En focalisant mon attention je peux choisir d’exclure certains sons. Je joue et j’orchestre.
Ma pensée se dilue dans ces bruits irréguliers et saute au grès de leurs accents si peu familiers.
Les dix minutes sont écoulées, je suis bien vite relâchée.
Je veux voir les résultats.
Je me suis perdue dans « l’île des oubliés » de Victoria Hislop.
J’ai été cernée par ces fantômes du passé que j’ai faillit croiser au détour de la Canée.
Si seulement j’avais eu plus de temps… J’aurais pu rencontrer les brumes de ces ombres égarées.
(ps: Qui se laisse pénétrer ou traverser, notemment par les liquides. )
Ma vidéo n’a jamais chargée.
(ps: c’est pas la première, et certainement pas la dernière).