Finalement elle se dit qu’on se sens bien bête sans cadeaux à offrir à ceux qu’on aime.
Finalement elle met le réveil à 10h et se retrouve dans la jungle de la rue, de l’autre coté de la caisse, du coté de ceux qui payent.
Finalement elle est contente d’avoir trouvé les pépites qui sauront dire à ceux qu’elle aime qu’ils comptent pour elle, parce que ça la rend contente de faire modestement plaisir à sa famille.
Parce que c’est ce que les gens font, à Noël.
Finalement, elle adhère. Elle choisi méticuleusement chaque objets : « choisis quelque chose d’utile, quelque chose de beau, pas un truc qui disparaitra dans un tiroir jusqu’aux brocantes estivales », pense-t-elle.
Finalement, elle flâne dans les magasins, elle oublie presque la foule autour, l’hystérie ambiante, elle en fait partie, alors ça ne la dérange plus aujourd’hui.
Finalement, elle se dit qu’elle est bien contente que cette journée se termine car le sac commence à peser lourd et il est temps de rentrer admirer les trouvailles puis de les emballer méticuleusement avant de les glisser dans la valise.
Alors elle entre dans le métro bondé, se félicite d’avoir trouvé une place assise, pose le sac à ses pieds, se met à songer aux réactions de chacun devant son cadeau respectif, tellement qu’elle manque de rater l’arrêt.
Alors elle se précipite dehors, un peu déboussolée au sortir de sa rêverie de Noël, elle est contente, elle se sent légère, débarrassée d’un poids de choses à faire, d’objets à trouver.
Finalement, elle se sent légère car le sac est resté dans le métro.
Finalement, elle se rappelle qu’elle n’aime pas Noël et qu’il ne faut jamais aller contre sa nature.
Ce soir c’était soirée Event.
-25% sur votre panier,
ça ne se refuse pas.
Il y avait aussi des gâteaux,
du jus d’orange
et des macarons au saumon de chez Picard.
Et il ne reste maintenant que 2 feuilles accrochées au Ficus.
Et il y avait le défilé :
200 vélos lumineux qui passaient par la.
Et il y avait de quoi se sentir perdu,
de quoi en avoir strictement rien à faire de la soirée Event
et des macarons au saumon.
De quoi ne pas fêter Noël
ou même rien fêter du tout.
Il y avait par contre de quoi être en colère.
Il y avait de quoi avoir ce genre de pensée qui laisse là,
les bras ballants,
comme quoi on grandit dans un drôle d’endroit
où c’est encore Dark Vador qui l’emporte.
J’en ai marre des Dark Vador qui l’emportent,
j’en ai marre des abrutis qui polluent le paysage,
j’en ai marre d’Alep qui meure,
j’en ai marre des bons sentiments,
j’en ai marre d’être loin,
j’en ai marre des choses qui n’ont pas de sens,
j’en ai marre des soirées Event à -25%.
« Mon pays. Je n’ai plus de pays. Déraciné, transplanté au milieu des animaux. Cette jungle est mon nouveau pays. Pourtant, je saurai prouver au monde que je suis le maître de la planète. Je suis sur le point de créer une humanité qui sera à ma mesure. Une race d’homme atomique super-puissant qui va conquérir le monde. »
Bela Lugosi (Martin Landau) dans Ed Wood (1994), Tim Burton
Il y a eu un silence, puis il dit « le chono est parti ».
Je parle…
Ils s’ennuient. Je m’ennuie aussi.
Je n’ai pas envie de parler.
Tout cela ressemble beaucoup à une mascarade.
Et le chrono s’arrête.
Et je me demande ce que je fais ici.
De l'endroit vers lequel mes jambes me portent,
de ce que voient mes yeux,
du regard des inconnus de la rue.
Si seulement je marchais droit.
C'était un de ces soirs où être en colère ou être heureuse ne changeait rien.
Un état virussitaire, envahissionnant, parasital.
La seule chose que je sais ressentir, que je sais éprouver,
c'est la force du froid contre mes oreilles.
C'est un moment qui dure, qui s'étire jusqu'à se demander
si le gel tétanise plus que toutes les choses que je ne sais pas.
Elle pleura nerveusement, presque comme si on venait de lui annoncer le décès d’un proche.
1 fois sur 2 leur coup de fil finissait comme ça.
Parfois c’est comme s’il la détestait au point d’avoir mis en marche une entreprise de destruction, parfois elle en doutait.
Aussi, ces questions finiraient par la rendre folle un jour.
« Regardes toi ma pauvre, t’as pas honte de te mettre dans des états pareil » il disait.
Elle s’était souvent demandé jusqu’à quel point elle essayait inconsciemment de lui ressembler,
et ça lui faisait peur.
Aujourd’hui je n’ai pas gagné de peluche.
Pas sûre que cela mérite un article mais il y a des journées avec et d’autres sans peluches,
peut-être qu’ici est un lieu approprié pour parler de cela.
les Michel, les je signe mes mails en taille de caractère 32, qui font autant d’outrages à l’orthographe de la langue française qu’ils tentent de caser quelques punchlines efficaces dans leurs messages, les sans cervelles et les grosses chevilles.
À bon entendeur.
Je portais des chaussures trop petites aujourd’hui,
pas vraiment dans la longueur mais plutôt en hauteur,
c’est à dire que j’ai un pied assez épais.
Je pense sérieusement à changer de chaussures
ou alors à installer du papier journal dans celles-ci
afin de les épaissir.
Alors je rentre et je mets du journal dans les chaussures.
Je m’assois.
Les réseaux sociaux me rappellent à ce que je sais,
à ce que l’on voit au JT de 20h, dans la presse,
à ce qu’eux vivent dehors.
Aujourd’hui à Alep les bombes tombent.
Et
je ne peux
RIEN
faire.
Et c’est vraiment casse-pied que de savoir ça
parce qu’en sachant qu’on est tout petit
et qu’il ne faut pas avoir pour but de révolutionner les choses avec un idée miracle
j’abandonne, je délègue, je me dédouane.
Je rempli les chaussures de papier journal.
Parce que quand même ça serait bien prétentieux
que d’espérer faire tomber la balle du bon côté.
Je pourrais faire ma part,
un joli projet d’étude, un texte d’ado rebelle pour dire que je ne suis pas contente.
Faire
ma
part.
Mais non d’un chien qu’est ce que c’est chiant.
Qu’est ce que ça donne envie de jeter le journal et les chaussures à la poubelle,
de jeter la poubelle par la fenêtre,
de casser la fenêtre et tout ce qu’il y a autour.
Mais aujourd’hui Alep est quand même tombée sous les bombes
et nous ne faisons pas notre part.
Puis il dit :
– Y’a peu de personne qui peuvent me sauver, y a moi et y a toi.
…
– Il a dit que je n’était pas prêt. Il faudra attendre d’être sorti pour commencer.
…
– Tu sais quand il sortait de l’eau avec son petit maillot de bain, et son sourire, il montait et il prenait sa guitare et alors c’était du génie.
La première loi anti-antisèches adoptée en France date du 5 mars 1957. La loi interdisait une partie de la publicité en faveur de l’antisèchisme et prévoyait des mesures de protection des non antisècheurs, ainsi que les premiers messages d’information et de prévention à destination du grand public.
Beaucoup de ces dispositions n’ont cependant pas été appliquées ou ont été détournées de leur objectif premier.
Aujourd’hui Sylvie m’apprend qu’elle travail chez P. depuis 17 ans.
Puis elle m’explique ses journées : elle arrive chaque matin 30 minutes en avance afin d’ouvrir le magasin à 9h tapante, prend sa pause réglementaire d’une heure le midi mais décide de rattraper son retard et ne prend en fait qu’un quart d’heure pour avaler un sandwich dans la réserve.
La journée pourrait finir à 19h quand elle ferme le magasin mais elle doit rester jusqu’à 20h pour recompter et nettoyer.
J’ai essayé de calculer combien d’heures de sa vie Sylvie a offert à P., dont elle ne connait les supérieurs hiérarchiques que par téléphone pour se faire entendre dire « Quel est votre prénom déjà? On en est où du PM? et le taux de transformation ? Ouais bof va falloir se réveiller les filles! », ce même P. qui la paye au SMIC depuis 17 ans.
« Ah ben oui ma pauvre petite c’est comme ça que le monde du travail fonctionne aujourd’hui. »
Devant ma mine effarée, Sylvie termine la conversation : « Il est super sympa ton chemisier, il vient d’où ? »
Je récupère des photographies argentiques de paysages et décide de travailler l’auto fiction en recréant du récit à partir de celles-ci. Je scanne les images et en ouvre une avec l’application Aperçu afin de la regarder sous forme numérique.
Aperçu me propose son auto fiction.
