Elles sont des images idylliques. Elles sont des histoires qui resteront secrètes. Elles sont un univers perdu. Dans mes pensées et dans mes songes, elles habitent mes jours et mes nuits. Elles sont un souffle, une respiration avant la fin. Elles sont ce que je ne sais pas. Elles sont un rêve de touristes, de poètes, d’explorateurs, de perdus, de fragiles. Je dérive et je flotte, ici je reste. Elles sont un lieu où les choses durent.
L’huile vient de se renverser sur le chemin de table à motif poissons
et je mets les spaghettis à cuire, espérant qu’ils ne se colleront pas entre eux.
Au même moment je suis distraite
je pense aux connections.
Hier soir j’ai appris la mort de Jacques, un ami de Maureen, photographe
Hier soir j’ai travaillé jusqu’à 3 heures du matin
J’ai imaginé un présentoir à cartes postales rempli d’images de lieux disparus
Hier soir Prune a fait un rêve où les gens qu’elle aime mourraient
Hier soir Gene Teibloom, cousin de Georges Lubliner (mon grand-père) est décédé à Chicago
je ne le connaissais pas.
Aujourd’hui Maureen me raconte comment c’était de travailler avec Jacques
Jacques avait conçu un présentoir à cartes postales où il exposait ses photographies
le tourniquet des rencontres.
Aujourd’hui Prune me raconte son rêve de la nuit
Et je pense aux connections.
Et pourtant dans 1 seconde exactement décollera la fusée SOYOUZ avec à son bord
Thomas Pesquet, Oleg Novitski et Peggy Whitson qui s’apprêtent à passer 6 mois dans les étoiles.
contre le modèle ultra petit format de clé usb qui disparaît sans cesse
contre le câble qui n’est pas le bon pour relier l’ordinateur et la caméra
contre l’application transfert d’images qui refuse de reconnaitre les fichiers vidéos
contre des formats pdf illisibles
être en colère contre des choses matérielles
des outils techniques qui nous font croire que tout est possible
puis qui nous freinent
qui empêchent de poster LA photo qu’on voulait mettre ce soir sur Errances
qui empêchent de se coucher à 23h30 comme convenu dans le planning
être en colère d’être en colère contre ÇA.
Oui vous, outils diaboliques vous ne méritez que du dédain.
Une terrasse peu animée
un stylo qui marche à peu près
une cendre danse sur le papier
la musique est appropriée
c’est bien simple
tout va bien.
C’est étonnant
c’est agréable
Nous sommes le 13 novembre 2016.
Il y avait sous nos yeux une armée de têtes chevelues. Combien de centaines de millions de cheveux ? Parmi cette immensité nous aurions pu nous demander jusqu’à quel point s’étendait la diversité de nos natures capillaires respectives… Combien de roux, de blonds vénitiens, de crépus, de partiellement bouclés?
Je pense que les huitres chaudes était vieilles, dit-elle
Je vous ai attendu 2 heures, dit-elle
Je vous offre un café ?
Veuillez croire en mes plus plates excuses
Dans l’assiette de gambas en persillade, il y avait un insecte, de type
petite blatte. Peut être fallait il goûter il paraît qu’on en mange dans
certains pays.
Elle a raté son train
Donald Trump est devenu président des États-Unis
et
il ne faisait pas beau
La minute de trop
Le train démarra, siège vide à côté de moi
Je viens d’arriver devant la gare, dit-elle
mais le train était parti
Une minute c’est important
Une minute de trop et la journée est fichue
Il faut ajouter à cela
que la journée avait mal démarré
Le ciel refusait de se lever
se terrait dans un édredon de nuage cotonneux
à la surface
Peut être pour ne pas voir
cette journée triste
Une minute de trop
C’est peut être la minute de trop qui a permis à Monsieur Trump de faire la différence dans les urnes
Peut être fallait il une minute de moins
Durant laquelle quelques millions de citoyens votèrent pour Mr Trump
Faisant tomber la balle de l’autre côté.
Penser à
Faire des listes de choses à faire
Puis
Refaire la liste
Dans l’ordre des choses à faire
Faire
(La subtilité du paradoxe du dépassement par les évènements
consiste à occuper la plupart de son temps à faire des listes de
choses à faire plutôt qu’à les faire)
Sous le siège de la voiture
Dans le placard à pharmacie
Sous mon matelas
Dans le tiroir à fourchettes
Caché entre deux revues
Dans le sac à linge sale
Au congélateur
Parmi la pile de papiers sous la petite table basse
Au fond de la boîte à outils
Maintenant tout est fini
Tu restes dans ma mémoire
Un dernier hommage
pour toi
petit carnet craft
Rencontré et acheté le 22 septembre 2016
customisé le 23 septembre 2016
Rempli depuis ce jour
À mes côtés dans la forêt de Brocéliande
Au coin du feu
Pendant les ateliers d’écriture d’Anna
Adieu dessin de Maureen dans les herbes et les Ajons
Adieu litanie de la Fenêtre
Adieu compagnon de route
et Bon vent.
Il y a un panneau signalétique sur l’autoroute de Bretagne qui relie Caen et Rennes.
Sur ce panneau, situé environ à mi-chemin entre les deux villes on peut voir les symboles suivants:
une table de pic-nic avec un sapin, un lit, des couverts croisés, un gros i pour « informations »
ceux ci indiquent aux usagers de la route ce qui les attend à la prochaine aire de repos.
Une dernière ligne de petits carrés blancs entourés d’une lisière bleue nous communique une ultime information, et non des moindres
Noé avait envie de dessiner deux bouteilles de vin, une carotte, un maki,
un hamburger, un steak (ou pas-steak), une part de pizza, un quartier de tomate,
un poulet (pas rôti) et des ailes, alors il l’a fait.