Midi. Chacune installées d’un côté de la table devant nos assiettes. Je n’ai plus l’habitude de manger si solennellement avec quelqu’un. Elle me dit qu’elle va vendre l’ancienne maison. De toute façon on n’y vit plus. Elle est sûre de ne pas vouloir y retourner. Je lui dit que je comprend. Je triture les morceaux de céleri dans mon assiette. J’en ai trop mis et ça a pris le pas sur le reste. L’annonce me laisse une gêne que je ne sais pas vraiment décrire. Ce sera la séparation définitive avec ma maison d’enfance.
Je fini de manger. On parle des prochains semis pour le jardin.
Je commence à faire la vaisselle. Le malaise ne part pas. Cette impression que quelque chose m’échappe. Tout à l’heure je lui ai dit qu’elle devrait essayer dans tirer le meilleur prix. La maison est assez bien placée et originale. Je détesterai vendre mon passé au rabais. Le riz a collé dans le fond de la casserole. Je suis troublée par la disparition de mes points fixes. La fin d’un quotidien aux murs réconfortants. Un mouvement forcé vers l’inconnu. Cette maison d’enfance beaucoup plus tangible que tout ce que je construis depuis ces trois dernières années.
L’égouttoir est trop petit. Je mets les casseroles à sécher sur un torchon.
Je pense que mon inconfort réside là. Dans mon incapacité à me sentir vraiment chez moi nulle part. Même mes rêves me ramènent vers des maisons aux portes fermées. C’est comme les meubles entassés dans le hangar. Leur vue m’incommode toujours. Ils appartiennent à une enveloppe disparue mais dont je peux encore tracer les contours. Je passe rapidement un coup d’éponge sur la table. Les miettes collent au côté jaune. Mes souvenirs vivent dans des fantômes et je crains qu’ils n’en deviennent.
10 avril 2021
8 avril 2021
8 rue la fayette
6 avril 2021
5 avril 2021
1 avril 2021
J’ai des émotions, je déglutis.
Je veux faire des perles, fuir ma vie.
Les roulades, trop d’empathie.
Ma vie qui se vide, en apathie.
Les fleurs qui se fanent, sans poésie.
Et mes yeux dans les tiens, nuit insomnie.
31 mars 2021
Des mots concrets sur des notions vagues
J’ai trouvé des mots pour ces sentiments et tout est plus clair.
Une exemple de plus du le miracle du langage,
nommer une chose permet de mieux l’appréhender.
[Du latin apprehendere « prendre, saisir, attraper »]
Saisir par l’esprit, comprendre.
Nostalgie
Morris B. Holbrook (1993) voit dans la nostalgie un vrai sentimentalisme,
puisqu’elle se manifeste selon lui par une attirance pour « des objets (des personnalités, des endroits
ou des choses) qui étaient plus familiers (populaires, à la mode, ou largement diffusés) quand la
personne était plus jeune (dans les débuts de sa vie d’adulte, dans son adolescence, dans son enfance,
ou même avant sa naissance) »
D’après la définition de Simon Reynolds, dans son ouvrage au titre piquant, Rétromania, le
rétro […] « a généralement trait aux artefacts de la culture populaire »
Les enjeux sociaux et communicationnels du phénomène rétro
Coralie Gardet – 2013
30 mars 2021
29 mars 2021
28 mars 2021
26 mars 2021
25 mars 2021
la robe blanche
Elle avait enfilé une vieille robe appartenant à une de ses tantes. La coutume voulait que l’on porte du blanc. Elle n’avait pas prévu ça quand elle avait fait sa valise trois jours plus tôt. Le blanc c’est pour la lumière, pour que ceux qui partent ne soient pas écrasés par l’obscurité. C’est ce qu’on lui avait raconté quand elle était enfant.
Sa mère lui avait passé des créoles en argent. Elles lui touchaient presque les épaules. J’aurais aimé que tu la connaisse, tu l’aurais apprécié lui avait-elle dit dans le taxi à sa sortie de l’aéroport.
Dans le salon les convives parlaient fort mais aucun rire ne résonnait. Chacun avait apporté un petit quelque chose à manger et à partager. Plus tard quelqu’un aurait la lourde tache de rapporter chaque plat, chaque assiette au bon propriétaire.
Elle regardait sa mère. Ses mains agitées. Son assiette pleine à laquelle elle n’avait pas touché. Les sourires faux qu’elle esquissait lorsqu’on venait lui parler. Ses larmes qu’elle partait essuyer discrètement dans la salle de bain. C’était une femme fière. Avec une sérénité à toute épreuve. La voir aussi en proie à ses émotions la troublait.
Comment la mort d’une femme dont, elle, n’avait presque jamais entendu parler pouvait-elle autant la troubler? Une multitude de questions commençait à percer. Les réponses ne viendraient pas de sa mère. Ca elle le savait. Elle allait devoir partir elle même en quête de vérité. S’immiscer dans les souvenirs d’une vie dont personne ne parlait à la maison. Elle aperçut sa grande tante, assise sous le griffonia du jardin. Son haut turban blanc et ses petites lunettes rondes posées en équilibre sur son nez. Celle-ci lui fit signe de venir s’assoir à coté d’elle sur le banc. Une interruption bienvenue au flot de questions dont l’assaillait tantes, oncles, cousins et neveux. Elle attrapa deux verres de jus de mangue et sortit.
24 mars 2021
L’olivier
Merci pour ta franchise,
tu as un air courageux
malgré tout.
Et
tant pis pour ma bêtise,
J’ai pris un coup rageur
malgré tout.
Donne moi du temps
pour qu’on se protège
je me sens si con là
laconique
faut que j’abrège
Tu as entaché ma confiance envers les autres.
je m’attache à mes croyances, pardonne mes fautes
de jugement.
Pour se défaire de sentiments dégueulasses
A force de se frotter
on se froisse.
Le brouillon
Hier soir, j’ai noircit trois pages à propos de toi.
Je n’arrive pas à te saisir,
J’ai du mal à te cerner.
Je ne sais pas quoi en penser.
23 mars 2021
première peau
Mâchoire serrée
à choire, errer
passoire en tête,
veaucer haché
je m’assoie à terre
en mille morceaux.
J’ai mis le temps
mal aux molaires
gémit des mots.
les dents tombent en dedans
des pierres pointues
des pieds repus
de pas
J’ai des cloques en dedans
un trop chaud
une usure
de première peau
glossaire?
Les autres
Le masque
L’intimité
L’amour
Les garçons
La colère
Queer
Les objets
La famille
L’urgence
L’humeur
La solitude
Les façades
Les détails