16 octobre 2009
15 octobre 2009
La prairie labourée
Sentant l’herbe fraichement coupée,
une prairie s’évade sous mes pieds
et sa terre jadis labourée par mes doigts fatigués
de mettre laisser prendre par la grenadine piégée.
Ton blanc Ramos me fait transpirer
empreinte de ta coquetterie si maligne.
Un paysage qui par mon souffle élancé
cette fois sera rouge grenade ton pull retiré.
14 octobre 2009
13 octobre 2009
Corps fantôme
La danse est l’actualisation de ce corps, et cette actualisation se réalise dans la connexion avec la technologie. Quand la jeune chorégraphe belge Cindy Van Acker branche son corps à des stimulateurs électriques informatisés qui court-circuitent ses mouvements, c’est ce qu’elle interroge: la naissance d’un corps dansant, possible au-delà de sa forme corporelle. Corps greffé, branché, informatisé: «Corps 00:00» titre la chorégraphe pour qui la danse devient la pratique exhibée d’un corps réel support d’un corps possible qui le dépasse. Travaillé par la technologie, son corps ne cherche pas la réparation des dispositifs prothétiques médicaux, pas plus qu’il ne désire un niveau supérieur de performance. Au contraire, envahi par les stimuli artificiels, il devient le spectacle de sa déformation: quelque chose le dépasse, qui dit que le corps ne se limite pas à sa forme, que le corps n’est pas une donnée formatée. Contractions, désarticulations involontaires, impulsion extérieure qui parasitent en même temps qu’elles participent au mouvement dansé, la chorégraphie de Van Acker déçoit l’intégrité du mouvement comme celle du corps. L’acte chorégraphique défini dans la connexion avec la technologie expose un corps flottant, à l’impossible contour: corps réel doublé de son fantôme. Le corps organique, son organisation en un volume sculptural, en un dessin linéaire se voient systématiquement troublés par un corps virtuel, involontaire non plus de l’ordre du visible mais du perceptible.
Les amputés font souvent l’expérience d’un membre fantôme; la danse en connexion avec la technologie est l’actualisation de la sensation fantomatique d’un corps additionnel, virtuel quoique visuel, plutôt que viscéral. Le corps est couplé de telle sorte à mobiliser son fantôme. De leur interaction, il résulte une chorégraphie de l’informe, qui se mobilise moins dans la qualité de ses gestes que dans l’acte de présence de ses corps possibles.
Laurent Goumarre
12 octobre 2009
Toute notre vie, on erre ici et là, on erre un peu partout et je crois que personne ne peut réellement me contredire. On erre plus souvent seul qu’accompagné. Parfois l’on trouve ce que l’on cherchait, si on était en quête de quelque chose, parfois rien. Mais est-ce-que cela nous suffit ? Ne nous faut-il pas errer encore, encore, pour ne jamais aboutir, en finir…
Errer, pour moi, s’accorde avec solitude, être solitaire. J’ erre … Un peu partout à la fois. Dans la tête des personnes que je croise, j’imagine leur vie, leurs pensées, je m’insère en eux. Pourquoi ? Je ne sais pas, j’aime ça. Cela m’occupe, le temps n’est plus alors présent. J’ erre dans la ville, au-delà des rues, à travers les fenêtres, les portes. Je m’y invite le cours d’un instant. Malgré tout, je reste enfermée dehors, à l’exterieur. La ville et tous ces gens inconnus que l’on croise une, deux, trois fois et ceux que l’on ne verra plus jamais, un regard, là, je m’arrête sur celui-là, un sourire, un visage qui me touche, qui m’en rappelle un autre. Alors, je le cherche encore et encore mais il est parti, perdu. J’erre aussi dans ma tête, pour chercher, pour penser. C’est peut être ici que chacun d’entre nous erre le plus souvent, toute notre vie…
8 octobre 2009
Mes yeux s’en sont allés
« C’est cet entre-deux du voir et du non-voir, ce moment terrible et excitant où l’on ne sait plus ce que l’on va percevoir et quand. Tout se joue sur l’intensité de la lumière, de l’ombre, de l’endroit où est placé l’autre. Moment aussi où l’acuité visuelle est à son minimum, où le champ visuel, comme l’ombre au soleil levant, se rapetisse pour n’être plus qu’un point; point fulgurant, point désespérant, point angoissant, point nul ou point terrible… qui fait de nous un voyant l’instant d’un éclair, un aveugle l’instant suivant. »
Maudy Piot
7 octobre 2009
La jeune fille qui aimait les têtards.
Elle grignote des têtards au petit déjeuner,
elle gobe des têtards au déjeuner
elle se goinfre des têtards au goûter,
elle dévore des têtards au dîner.
Elle les mange à s’en faire vomir,
vomir des poissons rouges par le nombril
pour la soulager en un instant afin de discrètement
ronger les têtards toujours gigotant.