Errances

25 novembre 2012

Filed under: sillages — Étiquettes : — errant @ 20:34

A l’approche de l’hiver, les manchots se retrouvent sur leur glace natale. Il faut savoir que les manchots se ressemblent tous. Alors pour retrouver l’amour de l’année passée, il s’identifient à leurs cris (qui m’ont paru tout aussi indifférenciables). Il y a tout de même très peu de chance de retrouver son partenaire de l’année dernière, seulement 15% y parviennent. Bref. Ils se mettent quand même tous par deux au final (après moultes guerres et parades amoureuses) et niquent tous ensemble. Après, toujours par deux, ils se peletonnent contre le froid. Le mâle et la femelle resteront fidèles pendant un an. Cinquante jours plus tard, la femelle pond un oeuf, un gros oeuf blanc. Elle doit le passer au mâle, qui le couvera sous sa poche ventrale. Le passage est difficil, l’oeuf peut rester trop longtemps sur le sol et geler. Une fois que l’échange est réussis, le mâle gardera l’oeuf pendant quatre longs mois durant lesquels il ne mangera pas. Mais l’oeuf est sa plus grande fiereté. Ceux qui l’ont perdu sont inconsolables. Certrains même offrent un spectacle déchirant, tentant de remplacer le précieux par une boule de glace. Les mâles restent donc sur la glace pendant l’hiver austral, tous collés les uns aux autres en une masse mouvante, malgré la difficulté de garder un oeuf entre son ventre et ses pattes, pour que tous profitent de la chaleure. De temps en temps, ils montrent fièrement leur oeuf à leur voisin. Quatre mois après, ils ont perdu la moitié de leur poids, et les oeufs commencent à éclore. C’est là un moment dangereux et crucial: les nouveaux nés n’ont pas un pelage suffisant face au froid. Les nouveaux pères doivent donc faire très attention à bien les garder sous leur poche ventrale. Ils les nourrissent avec du lait de manchot: du poisson accumulé dans l’estomac qu’ils n’ont pas digéré. Ils régurgitent donc un épai liquide vert qu’ils déversent dans le bec de leur petit. Peu de temps après, les mères reviennent et prennent le relais. Elles ont pendant ce temps absorbé assez de poisson dans leur estomac pour produire à leur tour du lait de manchot. Une garde altérnée opère alors, entre pêche et babysitting. Dans la colonie, on se montre fièrement le produit de mois de privations et d’attentions. Ceux qui ont perdu malheureusement leur enfant qui s’est un peu trop attardé sur le sol gelé rodent autour et tentent de dérober un petit. Le printemps arrive enfin, et la progéniture, maintenant adolescente peut s’ébattre librement et s’émerveiller au contact de la neige fraîche.

Un commentaire »

  1. on voit ce que ça fait de plus avoir d’ordinateur ; tu geek sur Arte…

    Commentaire by mrivier — 26 novembre 2012 @ 19:27

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