Errances

Et j’me dis qu’en regardant l’ciel, j’me calmerais p’t’être
J’pourrais m’allonger, plus bouger, pis r’garder
Trouver un coin tranquille, un endroit loin de la ville.

Je sais pas à quoi les gens pensent quand ils regardent le ciel
Je sais même pas s’ils le regardent d’ailleurs.
Moi j’vois des trucs de dingue. Des animaux, des monstres,
des bêtes fantastiques, des visages énormes et déformés.
J’fais ça d’puis qu’j’suis tout p’tit, m’imaginer des histoires avec les nuages.
J’trouvais ça fascinant. J’me d’mandais si on pouvait marcher dessus,
si y’avait des trucs vivants à l’intèrieur.

J’ai été vachement déçu d’apprendre qu’au final c’était d’la flotte,
et qu’si j’tentais d’m’y ballader j’allais mourir.

Un jour j’essaierai bien de partir avec eux.
Je sais pas, quand j’srais grand.

Parce que si je reste ici, j’me dis qu’ça va pas être cotton
faudra que j’aille au travail. Tous les jours en plus, sans déconner.

J’finirais par serrer la main à des fils de pute,
j’aurais un gros bide et p’t’être une barbe.
Ca s’rait cool d’avoir une barbe un jour.

Et j’frais le même trajet tous les jours, j’deviendrais mou et tout blanc
à force de déambuler comme un pantin,
enfermé, cloisonné, j’pourrais plus respirer.

Ce serait encore pire que de mourir en passant au travers d’un nuage.
Ca vaudrait l’coup d’y réfléchir.

Ou alors au lieu d’leur serrer la main, j’leur met en pleine gueule aux fils de pute.
J’irai pas travailler et j’srais alcoolique. Mais tendax dans ce cas pour acheter de la barbak’
et payer mon loyer.

Mais j’srais p’t’être encore un peu moi à ce moment la.

Je serais loin.

Loin de cette bande de pies-jacasses, de perfides mal intentionnés.
Loin parce qu’ils m’énervent avec leurs sournoiseries et leur regard bovin.
T’as vu leur regard ou quoi? Ouais bin ouais tu l’as vu.

Allez viens on s’casse, on va dans les nuages.