Babillages pompeux d’une femme souriante
-« Oh moi monsieur? Je suis souriante.
Mais attention, je ne le suis pas comme la plante verte du salon ou comme l’amie de votre grand mère qui dodelinais de la tête aux tea-party, un sourire béat aux lèvres.
Oh non, moi je suis souriante pour éviter d’avoir à sans cesse froncer les sourcils devant les conneries de ce monde voyez-vous? »
Reprenons avec elle.
« Oh bien sur vous pouvez rire de mon aigreur et dire de moi que je suis bien pessimiste.
Néanmoins sachez pourtant que je ne suis pas pince sans rire et qu’un petit rien me déride!
Ainsi, je parle à mes petits pois avant de les manger, pour m’excuser à l’avance de la douleur que je vais leur infliger.
D’ailleurs je le confesse, j’essaye toujours d’abréger leurs souffrances et je m’arrange systématiquement pour bien les mâcher.
Quoique, je crois qu’il s’agit ici du reste d’un précepte d’une affiche de l’infirmerie du collège.
Elle nous intimait l’ordre de mâcher avant d’avaler vous comprenez, et cette image m’a toujours fichu une trouille bleue! »
Elle continue de parler toute seule.
« Ceci dit, cela ne m’empêche jamais de m’adresser à eux avec le sourire.
On en revient toujours à cela n’est ce pas?
A mon humble avis, un doux masque hypocrite préserve de leur fuite.
Ça alors, il est déjà si tard!
Arrêtons donc la ces jérémiades et passons à table, le poulet et les carottes ne sauraient se passer de leurs acolytes! »