Errances

1 décembre 2015

STOP

Filed under: corridors — Étiquettes : , — errant @ 18:45

Angoissée. Angoissés. Il parait qu’on est tous angoissés.
Penser, pensées, penser. Je pense trop, je pense trop je pense trop. Je veux me débarrasser. Je ne veux plus me concentrer. J’ai besoin de vecteurs de déconcentration. Besoin de séries, de films, de livres. Besoin d’histoires qui ne sont pas les miennes. Besoin d’histoires à travers lesquelles je me lis. Je ne veux plus me lire, je veux sentir, ressentir, expérimenter. Avoir les mains qui brûlent, qui piques, qui chauffent. Avoir des fourmis dans les pieds, ne plus sentir mes orteils parce qu’ils sont glacés. Je veux être éblouie par des UV et pas par des néons qui bourdonnent. Je veux faire une pause arrêter. Tout stopper pour un temps donné, si court soit il. Je ne veux pas angoisser. Je veux calmer mes doigts qui tapent trop vite sur le clavier. J’essaye de capter ce qui se joue dans ma tête, c’est compliqué. Je suis fatiguée, fatiguée, fatiguée. Je dois desintellectualiser. Je dois arrêter de comprendre. Arrêter de vouloir comprendre. Je dois saisir, saisir, saisir. Vivre, sentir, esthétiser. Sensibiliser. Me voir dans le monde et ne plus voir simplement le monde. Je ne veux pas penser à la phénoménologie en pensant à ça. Je veux oublier un temps, oublier les bibliographies, les auteurs, les dates (ah non ça je ne les ai jamais su). Je veux arrêter de lire les génériques de films pour voir si j’y reconnais des noms. Je dois arrêter de taper ces noms sur wikipédia pour voir ce qu’ils ont fait avant. Je dois arrêter de lire et de noter, de retenir.
Pour l’instant.
On y reviendra plus tard. Mais je veux revenir en arrière, me laisser errer sans réfléchir. Je suis trop de chemins, trop de routes tracées, trop de méthodes trop d’habitudes. Je ne veux plus voir des films en les politisant. Je ne veux pas juger des choses selon qu’elles correspondent ou non à mon point de vue.
Je ne veux pas m’exaspérer quand on pense que les mécanos sont pour les garçons. Je ne veux pas me demander si je dois trier le papier et les cartons.
Pour l’instant.
Je veux savoir faire tout cela. J’ai sauté les étapes, j’ai oublié d’apprendre à ne pas apprendre. J’ ai oublié de ne pas comprendre. Je veux voir un monde fait d’imaginaire, de sensations et d’incompréhension. J’aimerais un moment revoir des papillons comme cet été et ne plus les associer à Didi-Huberman. Je ne veux plus voir des lucioles comme des symboles révolutionnaires. Je veux seulement voir des lumières, sans me dire que c’est une parade nuptiale. Mais juste pour un instant, un temps. Revivre tout ça. J’ai peur d’avoir perdu une naïveté, je ne veux pas perdre la naïveté. Je veux rêver rêver rêver. Mais même dans mes rêves il se passe des choses concrètes, quand je me réveille je les analyse.
Aujourd’hui je dois développer un imaginaire pour un projet mais je suis bloquée. bloquée bloquée bloquée bloquée bloquée bloquée bloquée bloquée.

Voilà ça vas mieux , mais il serait temps de retourner errer en forêt.

Un commentaire »

  1. Mets à distance ce que te dit Tony Côme. Toi tu es toi. Tu es quelqu’un avec qui j’ai ri dès le premier jour où je t’ai rencontrée.
    je ne suis pas assez carré dans ma méthode de travail, et on me le reproche toujours mais je suis comme ça. c’est handicapant et en même temps c’est très bien pour moi. Ici, on nous pointe du doigts des habitudes pour les remettre en question, et c’est un bon exercice pour se remettre en question

    Commentaire by Pauline Guémas — 1 décembre 2015 @ 20:35

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