Errances

9 octobre 2017

De l’autre côté de la fenêtre.

Filed under: traverses — Étiquettes : , — errant @ 22:01

Je descends fumer une cigarette dans l’impasse, traverse la route et m’adosse au muret des voisins d’en face. Un vieux couple.
La dame sort parfois se promener dans son jardin, ou se poste devant son portail. Son mari, un vieux un peu facho sans surement trop savoir pourquoi, le dos courbé, n’apparaît que de rares fois. La plupart du temps pour fermer ses volets. Lui aussi se rend de temps en temps devant le portail, se penche dans la rue, regarde à droite, puis à gauche. C’est à se demander ce qu’ils attendent.

La rue on y passe, mais on n’y reste pas. Pourtant elle est agréable, cette rue. Je regarde la façade de ma maison. Enfin, presque la mienne. Elle fait partie de ces habitations séparées en appartements trop petits pour des loyers trop chers. Et je me dis que plus de deux ans après mon arrivée ici, je n’ai jamais pris soin de la regarder. Incroyable à quel point on est inattentifs dès qu’il s’agit du quotidien. Au rez-de-chaussée habite un quinquagénaire un peu parano, un peu gros, mal dans sa peau. Je l’entendais parfois jouer de la guitare, ça sonnait un peu triste. Pas très bien. Mes yeux se portent sur le numéro 9, inscrit sur la traditionnelle plaque bleue, accrochée entre la porte d’entrée et celle du garage. J’aurais également été incapable de dire que les montant de la lucarne du dernière étage étaient bleus. Mais qu’en réalité il y en avait deux, de lucarnes. La pierre de la façade ressemble à ces traditionnels grès bretons, mais en plus fade, plus terne. Le toit est en ardoise. Derrière la maison, une cheminée transparaît. Elle est trop grande, un peu ridicule, également recouverte d’ardoise.

J’aime bien mon appartement trop petit, de là je vois l’arbre du jardin d’en face, les fils électriques et la lumière qui décline en fin de journée. Les maisons qui s’étendant à ma seule vue,  le ciel qui transforme les paraboles en ombres chinoises sur le bleu électrique du ciel. Mon parquet vernis plus trop vernis.

Je serais curieuse de savoir ce qu’en dirait Perrec si à la place il avait écrit Epuisement d’un appartement rennais. S’il se serait également moqué de mes quelques objets accumulés, ceux qu’on garde par manque d’image. Mon petit escabeau de bois et de fer recouvert de peinture, un vieux cadre de bois doré vide, un tableau de ma mère. Mais je suis sur qu’il se plairait à commenter méthodiquement les changements de couleur du ciel, à la manière des bus qui passent.

Ici, seule la rumeur lointaine des automobiles -et celle bien plus proche du frigo-.

En un quart d’heure la nuit est tombée, on entend le train passer.

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