Errances

2 novembre 2021

Media Terror ! (partie 3)

Filed under: - Casimor,passerelles — Casimor @ 17:04

En revenant dans son local, Hedwige est livide. Elle vient de recaller le sans-visage à l’entrée de la Fac. Huit ans de carrière dans la sécurité et son travail arrive encore à la surprendre. La vue du sang ne la gène peut-être pas, mais le demi-crâne nu d’Ernest lui a retourné l’estomac. Impossible de regarder ailleurs, le garçon n’avait pas d’yeux. Heureusement que la direction lui avait donné une marche à suivre en cas d’arrivée du patient zéro au portail, sinon elle l’aurait surement frappé.

– Yo Hed ! Tu devineras pas ce qu’ils m’ont fait à l’internat.

Désolée Léon, Hedwige n’a pas la tête pour les mondanités. Elle s’empresse de se servir un café, s’assied derrière son poste de surveillance et enfile un casque sur ses oreilles. Elle n’écoute même pas de musique, elle ne peut, simplement, plus entendre personne. Sa main tapote frénétiquement, sa tête lui rejoue son échange avec Ernest Cordina en boucle. Son petit aire abattu, qu’elle lisait sur sa bouche. Comment il pouvait avoir l’air si triste alors qu’il n’avait plus que sa bouche, le bas de son nez et des bouts d’oreilles ? Le discours qu’elle lui avait récité de son stage de formation pour laccueil des cérébroblastés. Elle avait révisé ça consciencieusement, comme une énième procédure à appliquer. Pourquoi c’est maintenant qu’elle perd les pédales ? La procédure est appliquée, la journée va se passer sans accroc, rien ne la perturbe à la maison. Ca ne peut être que lui. Il devrait déjà être mort, ça na pas de sens. Il marchait comme s’il avait encore la vue. Je crois qu’il me regardait dans les yeux. 

Une main se pose sur ses épaules, elle retire son casque et ouvre les yeux pour croiser le regard inquiet de Léon.

– Qu’est ce qui s’est passé Hed ? Tu veux prendre ta journée ? Je peux te relayer si tu veux. 

Il applique la procédure d’un état de choc. Elle sait très bien ce qu’il l’attend : deux jours de repos où son collègue passera la voir une fois par jour manger avec elle, et au troisième jour il l’aidera a rédiger un rapport plus détaillé des évènements. Avant ça il faut qu’elle lui raconte.

Sa voix tremble, il y a des larmes sur ses joues, elle n’arrive qu’à prononcer que deux mots, Léon comprendra :

« Ernest Cordina. »

 

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