Témoignage du patient 0 extrait
-Avant d’avoir éclaté, j’ai traversé une saison atroce. J’avais une implacable sensation d’épuisement. J’étais seul, je passais mes journées sur mon lit, je mangeais plus. Il y avait cette pression dans ma tête, dès que je pensais à mes responsabilité, une parcelle de moi qui voulait s’échapper, tout laisser derrière, à jamais. Pour ne pas y penser, je trouvait à me distraire. Et puis il a fallut sortir.
-Pourquoi êtes-vous sorti monsieur Cordina ?
-Pour acheter des patates. J’avais plus rien à manger. En me retrouvant au milieu du Prisunik en heure de pointe, j’étais dans un pire état que dans mon studio. La foule, les rayons, le bip-bip des caisses, c’était ça mon unique contact avec le monde ? Ca n’avais pas de sens, j’avais autour de moi un torrent de gens, de gestes, de nourritures et de son qui s’articulaient selon une mécanique que j’avais oublié. Cette pression crânienne que le divertissement et le repos n’étouffait plus s’est emballée, il n’y avait plus qu’elle. Et mon crâne s’est ouvert.