Errances

le regard au fond du verre
les bulles qui montent en l’air
il faudrait trouver
une raison de s’en passer
j’ai pas de mal à croire
que j’y repenserais encore ce soir
«où t’étais cette nuit?»
aller maintenant casse toi d’ici
t’étais pas censé rentrer
j’ai refermé la porte à clé
c’est tant mieux si tu ne reviens pas
ça fera plus de place pour moi

de petits yeux
les cernes creux

à tous les niveaux de toute ma vie je GALÈRE, tout est une épreuve et rien n’est simple, mais LAISSEZ-MOI s’il vous plaît ne serais-ce que faire mon linge sans encombres, ma mère me dit qu’au moins ce n’est jamais grave et que je ne m’ennuie pas alors, certes, mais c’est FATIGUANT cela dit je n’arrive pas à faire autrement donc j’avance à coup de soupirs et de « OH NON MAIS C’EST SÉRIEUX LÀ, VAS-Y ÇA ME GAVE » d’un ton monotone et blasé

il faudrait
il faudrait
il faudrait
il faudrait
il faudrait
il faudrait
il faudrait

–

je devrais
je devrais
je devrais
je devrais
je devrais
je devrais
je devrais

–

j’aurais du
j’aurais du
j’aurais du
j’aurais du
j’aurais du
j’aurais du

DE L’EAU A COULÉ SOUS LES PONTS.

les mêmes préoccupations qu’à 8 ans
mais que s’est-il passé cette année là
pour qu’elle me revienne aussi souvent
des années d’angoisses sur les bras
je crois que je suis fade
comme des pâtes sans sel, une nuit sans toi
chaque jours je perds en grade
jusqu’à retourner dans l’anonymat
les mêmes préoccupations qu’à 8 ans
quand je ne tournais pas rond
je n’ai pas changé pour autant
j’y rajoute deux trois addictions

les histoires qui n’ont pas de sens comme cette voix dans la nuit et des nuits qui ont beaucoup de sens pour assez peu d’histoires

t’es pas stable, bébé
tu ne sais pas dire non, mais
je sais que c’est le mien
qui souvent te reviens
nous deux ensemble c’est
la lutte des coeurs
la lutte des corps

je suis pas stable, bébé
quand tu me fais tanguer dans l’canapé
j’côtoie la table basse
à chaque fois que tu m’embrasses
tu me sens les cheveux
quand ils trainent dans ta beuh

t’es pas stable, bébé
moi non plus et tu le sais
je te le promets, on partiras
tu l’assures et moi j’y crois
pas de tunes, un peu d’amour
un peu plus d’espoir chaque jours

on mange quoi?

Aujourd’hui je voudrais pousser un coup de gueule et dénoncer l’hypocrisie du « ici, c’est à la bonne franquette »
Oui parce qu’on va pas se mentir c’est pas le patron du PMU du coin qui rassure ses clients sur la simplicité de son établissement mais bien ceux qui gèrent des endroits chics, où on mange bien, on y boit bien tu vois, et où tout le monde est bien habillé mais non, non, au cas où on se sente mal d’être arrivé avec ses pompes crades on nous rassure à coup de « bonne franquette » mais quelle hypocrisie! Quel affront!
Tu sais garçon moi l’idée que je me fais de la bonne franquette c’est un choix entre trois bières pressions éclatées, des vieux alcoolos vissés à leurs tabourets depuis 1992 et rien à manger parce que ça risquerais d’altérer le goût de la bière et à la limite tu vois ça peut être aussi le boeuf bourguignon de mémé servi sur sa nappe en plastique à motifs de fleurs mais bref, tout ça pour dire que ceux qui se vantent de « bonne franquette » sont toujours ceux qui sont les moins à la bonne franquette et moi j’en ai marre alors je voulais dénoncer ces hypocrites et traduire « ici, c’est à la bonne franquette » par « ici, c’est pas de la merde, je ne me prends pas pour de la merde non plus, mais si je le dis comme ça en regardant avec dégout tes pompes crades je vais avoir l’air condescendant donc je vais valoriser mon établissement de manière subtile et amicale en disant que, non, t’inquiète, vraiment c’est trois fois rien »

les bras ballants
un oeil qui pend
je devrais tester
le sucre dans le café
c’est double énergie
dit-il plein d’énergie
un berrocca?
les fruits je peux pas
tu veux une bière?
la dernière date déjà d’hier
ça fais longtemps
que j’ai pas eu de bons remontants

dans mon couloir il y a…

un chat mouillé
un policier
une lampe torche
des poils qui volent
un silence gênant
une odeur de brandade de morue
bob marley qui chante
et un karaoké de céline dion